Japon / Iran : vers un traité bilatéral sur les investissements

Le Japon ne perd pas de temps ! Alors que les Etats-Unis lâchent désormais du leste à l’égard de Téhéran, Iraniens et Japonais vont entamer la semaine prochaine des discussions en matière d’investissements dans le cadre d’un traité bilatéral. Il est clair que Tokyo cherche avant tout à être bien positionné par rapport à l‘Iran, pays richement doté en matières premières.

Des responsables des deux pays se rencontreront à Téhéran de lundi à mercredi en vue de mettre au point ce traité destiné à protéger les investissements en Iran des sociétés japonaises, a ainsi déclaré aux journalistes le Secrétaire général du Cabinet, Yoshihide Suga.

« Alors que de nombreux pays cherchent à se placer pour profiter de la réouverture vers l’étranger de ce pays longtemps boudé en raison des sanctions, le Japon va prendre les mesures nécessaires pour ne pas arriver après les autres », a par ailleurs ajouté M. Suga.

A la mi-aout, déjà, le journal japonais Nikkei indiquait que le Japon avait l’intention de conclure un accord avec l’Iran sur la coopération en matière d’investissements. Selon le quotidien, le gouvernement japonais souhaiterait toutefois que les procédures à suivre pour régler des différends éventuels figurent en bonne et due forme dans les contrats et que les compagnies japonaises soient dotées des mêmes avantages préférentiels que les compagnies iraniennes. Toujours selon Nikkei, les autorités nippones souhaiteraient également élaborer un mécanisme de protection des investissements japonais en Iran.

Tokyo espère notamment que la levée des sanctions, laquelle fait suite à l’accord de juillet dernier sur le nucléaire, permettra d’augmenter les exportations japonaises, et notamment dans le secteur automobile, vers l’Iran, et d’importer plus de pétrole.
Les constructeurs automobiles nippons lorgnent en effet sur le marché iranien. Le groupe Nissan Motors mène d’ores et déjà des négociations sur des perspectives d’assemblage automobile en Iran avec des fournisseurs des pièces détachées. Pour sa part, Masoumeh Ebtekar, la chef du département iranien de l’Environnement, a récemment appelé des producteurs japonais de voitures hybrides et électriques à développer leurs production en Iran, ce qui pourrait offrir de nouvelles possibilités en matière d’exportations vers le Proche-Orient et l’Afrique.

Rappelons que le Japon, qui dépend lourdement du pétrole importé du Moyen-Orient, a maintenu des relations amicales avec Téhéran durant tout le temps où l’Iran était montré du doigt compte-tenu de son programme nucléaire controversé.

Ces dernières années, Tokyo avait toutefois réduit ses importations de pétrole iranien, cédant sous la pression des autres pays occidentaux, notamment les Etats-Unis.

Tokyo cherche désormais à élargir la coopération dans le domaine de l’énergie, et compte notamment multiplier par deux le volume de ses importations d’or noir iranien. Rappelons qu’avant l’introduction des sanctions contre Téhéran, le Japon importait près de 10% de son pétrole d’Iran. En 2014, ce chiffre n’était plus que de 5%.

Les compagnies japonaises cherchent à présent à reconquérir leurs positions sur le marché énergétique de l’Iran. Ainsi, le groupe Inpex a l’intention de reprendre l’exploitation du gisement iranien d’Azadegan, un des plus grands champs pétroliers au monde. Le groupe Toyo Engineering envisage quant à lui de construire des raffineries en Iran.

Téhéran a pour sa part récemment laissé entendre qu’il pourrait être intéressé par la technologie nucléaire japonaise – même après l’accident de Fukushima.

Selon Kyodo News, le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida, devrait se rendre en Iran, peut-être dès le mois prochain, en vue de discuter de questions économiques bilatérales.

Le 8 août, Daishiro Yamagiwa, vice-ministre japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, ainsi que des banquiers et représentants de vingt plus grandes sociétés nippones, dont Mitsubishi, Mitsui, Itochu, Inpex, ont réalisé une visite dans la République islamique.

Sources : AFP, Sputniknews

Elisabeth Studer – 05 septembre 2015 – www.leblogfinance.com


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