Jean-Louis Borloo à la tête du conseil de Huawei France

C’est une nomination qui va faire jaser. Alors que le géant chinois des télécoms Huawei est devenu l’ennemi public numéro 1 aux Etats-Unis et que le Sénat français a adopté une loi visant directement ses équipements 5G, l’ancien ministre Jean-Louis Borloo vient d’être propulsé président du conseil d’administration de la filiale hexagonale. Selon nos informations, il remplace ainsi François Quentin, qui avait quitté son poste en décembre 2018 pour « raisons personnelles », comme l’avait déjà révélé Challenges.

A l’époque, Jean-Louis Borloo était déjà pressenti pour prendre la relève de cet ancien de chez Thalès. Interrogé par Challenges en mars, il avait alors formellement démenti: « Ce sont des mensonges, mon mandat comme membre du conseil d’administration a d’ailleurs pris fin en décembre 2018 ». L’ex-ministre de Nicolas Sarkozy en était devenu membre en décembre 2016. Il n’hésitait pas déjà à jouer les VRP de luxe pour le deuxième fabricant mondial de smartphones, accusé par plusieurs services de renseignements occidentaux de faciliter l’espionnage chinois.

Un proche de Hollande s’en va

Comme l’avait raconté Le Canard enchaîné, il avait notamment fait se rencontrer autour d’une table du Ritz, le célèbre palace de la place Vendôme à Paris, Jean-Marie Le Guen, alors Secrétaire d’État chargé du Développement, de la Francophonie et des Français de l’étranger, et Ken Hu, le grand patron de Huawei. L’ancien maire de Valenciennes a aussi poussé pour que la municipalité du Nord soit choisie comme ville pilote du dispositif de vidéosurveillance 3.0 développé par Huawei. Un contrat a ainsi été signé en février 2017 afin que Valenciennes acquiert 217 caméras high-tech du Chinois.

En revanche, le mandat de l’autre administrateur français de Huawei dans l’Hexagone, l’avocat Dominique Villemot, un intime de François Hollande, devenu soutien d’Emmanuel Macron, n’est pas renouvelé. Autre changement important dans l’organigramme de la société: l’un des hommes forts de la filiale, le Chinois Weiliang Shi, actuel directeur général, est nommé président exécutif.   

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