Koweït : emprunt obligataire sur le marché international face au déficit

Fini l’ère des rois du pétrole, ou presque ! Démontrant l’ampleur de l’impact négatif de la chute du prix du baril sur l’économie des pays producteurs, le Koweït va lancer une émission obligataire sur le marché international par l’émission d’obligations et de sukuk, obligations compatibles avec la charia islamique, en vue de financer son déficit budgétaire. Des mesures prises alors que l’émirat vient d’enregistrer son premier déficit en 16 ans.

Le ministre des Finances, Anas al-Saleh, a ainsi annoncé par un arrêté que le Koweït allait émettre des obligations souveraines libellées en dollars américains pouvant atteindre 2,9 milliards de dinars (8,6 milliards d’euros) durant l’exercice 2016/2017. Il s’agit de la première dette extérieure contractée par le Koweït en deux décennies. Elle vient en supplément d’une dette de 6,6 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros) qui va être parallèlement engagée sur le marché local en obligations et sukuk.

L’endettement sera réalisé durant l’actuelle année budgétaire 2016/2017, qui court du 1er avril au 31 mars prochain, a indiqué le ministre sans toutefois avancer de date précise. Il a rappelé que son département avait déjà levé, jusqu’à fin mars dernier, 2,5 milliards de dollars sur le marché local.

Pour rappel, durant la période 2015/2016, le Koweit a enregistré un déficit budgétaire de 5,5 milliards de dinars (18,3 milliards d’euros), alors que durant les seize années précédentes il avait enregistré d’importants excédents.

Alors que les recettes pétrolières représentaient jusqu’à présent près de 95% des revenus de l’Etat, les prix du pétrole ont chuté d’environ 60% au cours des deux dernières années. Désormais, le pays
qui compte 4,3 millions d’habitants dont trois millions d’étrangers, prévoit pour l’exercice en cours un déficit de 29 milliards de dollars (26 milliards d’euros).

Reste tout de même que durant les 16 années d’excédents, le Koweït a accumulé environ 600 milliards de dollars (539 milliards d’euros) qui ont été investis par le fonds souverain, Kuwait Investment Authority, aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.

L’opération réalisée par le Koweirt ne constitue pas une première au sein des monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite, le Qatar, Oman et les Emirats arabes unis ont d’ores et déjà emprunté des dizaines de milliards de dollars sur le marché international, via des émissions d’obligations ou des prêts syndiqués, afin eux aussi de combler leurs déficits budgétaires.

En avril dernier, un rapport du Kuwait Financial Centre (Markaz) http://www.markaz.com/Home avait indiqué que les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devront emprunter entre 250 et 342 milliards d’euros d’ici 2020 pour financer leurs déficits budgétaires résultant de la chute des cours du pétrole.
Les six pays, qui dépendent lourdement des revenus pétroliers, doivent cumuler un déficit de 318 milliards de dollars (279 milliards d’euros) pour les seules années 2015 et 2016, selon ce rapport. Pour rappel, le CCG comprend l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman et le Koweït.

Selon le Markaz, parallèlement à ces emprunts, ces pays vont devoir puiser dans leurs réserves pour combler leurs déficits. L’année dernière, l’Arabie saoudite a emprunté 26 milliards de dollars (22,8 milliards d’euros) et dépensé quelque 100 milliards de dollars (88 milliards d’euros) sur ses réserves qui étaient de 732 milliards de dollars fin 2014, si l’on en croit le centre koweïtien.
A l’exception de Bahreïn et d’Oman, les autres membres du CCG disposent de gigantesques réserves et d’une faible dette qui leur permettent de mobiliser des emprunts sur le marché intérieur et à l’international.

En 2015, les pays du CCG ont enregistré un déficit total de 160 milliards de dollars (140 milliards d’euros) contre un excédent global de 220 milliards de dollars (193 milliards d’euros) en 2012.

Sources : AFP, L’orient le Jour , L’Expansion

Elisabeth Studer – 5 novembre 2016 – www.leblogfinance.com

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