Kwerk dit adieu au coworking pour devenir héraut du « wellworking »

Design immersif, décoration excentrique d’inspiration africaine, programme d’activités sur-mesure… Depuis la création de leur groupe de coworking Kwerk en 2015, Lawrence Knights et Albert Angel tentent tout pour se démarquer de leurs nombreux rivaux, au premier rang desquels WeWork, Regus, et autres Nextdoor. Et ce n’est pas fini. Las de devoir toujours davantage expliciter leur positionnement axé sur le bien-être au travail, les deux patrons ont tout bonnement décidé mi-juillet d’abandonner l’appellation « coworking ». Ils lui préfèrent désormais celle d' »espace de wellworking » (contraction de wellness et coworking).

« Le coworking, c’est un très beau mot qui a permis de mettre l’accent sur tout ce que n’était plus le bureau traditionnel et sur des méthodes de travail innovantes pour les entreprises. Mais aujourd’hui, c’est un peu un mot-valise dans lequel on se reconnaît plus difficilement dans la mesure où il ne traduit pas exactement l’offre que nous développons depuis trois ans », détaille Lawrence Knights, installé dans l’extravagant lobby végétal de l’espace Hausmann, l’un des quatre établissements du groupe (les autres étant situés rue Bienfaisance dans le huitième arrondissement, à La Défense et à Boulogne-Billancourt). Et de préciser: « Le wellworking, c’est un savoir-faire unique développé par Kwerk qui consiste à créer des espaces de travail où le design a une part absolument essentielle, où le service et l’hospitalité ont aussi une part essentielle, et où vous allez pouvoir bénéficier d’un programme personnalisé d’activités physiques et mentales compris dans votre abonnement qui vous permettra de vous épanouir », ajoute le patron aux airs de gourou avec son mâlâ bouddhiste autour du cou.

La terrasse « Jungle » du Kwerk Hausmann.

Chief wellness officer

Le « wellworking », simple coup de pub estival pour émerger de la nuée effervescente du marché francilien du coworking? Car, dans les faits, qu’il s’agisse de l’agencement des centres, des tarifs ou de l’offre, rien n’a réellement évolué dans ce Kwerk nouvelle génération. Les cofondateurs le reconnaissent eux-mêmes: « On change aujourd’hui surtout la façon de communiquer sur notre savoir-faire en le racontant comme une histoire à travers plusieurs chapitres qui vont de l’éveil par le design à l’investissement dans la formation de nos ressources humaines en passant par la connexion de l’ecosytème », énumère Lawrence Knigths, en replaçant une mèche blonde rebelle derrière l’oreille. 

Pour les fondateurs, ce changement de nom est surtout l’occasion d’un peu mieux mettre en avant leur offre étoffée de services bien-être, jusque-là restée assez confidentielle dans les plaquettes de présentation. Outre les bureaux modulables et les assises thérapeutiques, le programme « kwerkwell » piloté par la « Chief wellness officer » Maud Chuffart, regroupe une batterie d’activités physiques et mentales ayant pour vocation de renforcer la concentration, l’endurance, la gestion du stress ou encore la motivation.

Kwerk propose chaque jour des cours collectifs de yoga, de méditations…

En plus de l’accès aux salles de fitness, les espaces Kwerk proposent chaque jour, via une application, aussi bien des séances de coaching personnalisé que des cours collectifs de yoga, de méditation, de cardio, et de relaxation. Des workshops sur la gestion du sommeil ou la nutrition et des conférences business sont par ailleurs organisés chaque semaine, tout comme des « expériences uniques » telles que des descentes en rappel le long de l’immeuble ou des bains de gong. Bref, un accompagnement aux petits oignons ayant pour objectif d’améliorer le bien-être des résidents (indépendants, salariés de start-up, de petites entreprises et de grands groupes) pour renforcer in fine leurs performances au travail. 

Haut de gamme

Un offre qui se veut donc assez haut de gamme et représente également un moyen de justifier les tarifs relativement élevés de Kwerk sur le marché parisien -comptez un abonnement mensuel minimum de 690 euros HT pour un poste non-attribué en open space au Kwerk Hausmann, contre par exemple 450 euros HT pour un poste comparable au WeWork Lafayette et 311 euros HT au Spaces Réaumur. « Sur ce secteur très compétitif, on investit considérablement sur la qualité du service à travers la formation des équipes mais aussi sur l’expérience qu’on propose, en mettant en place de nombreux indicateurs de suivi de la satisfaction de nos clients », affirme Lawrence Knights, pour qui « le combat va se jouer dans les années à venir sur les moyens investis, la cohérence de l’offre et l’intégration des services ».

Une conférence business de France Digitale organisée au Kwerk Hausmann.

Pour l’heure, le concept a attiré 135 entreprises clientes (ex: Spotify, Dreamquark…) désireuses de bichonner leurs salariés. Au total, Kwerk revendique ainsi un total de 1.200 membres. Avec un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros en 2017, le groupe embauche 25 salariés sur l’ensemble de ses sites, qui sont pour la majorité rentables, assurent les fondateurs. Objectif affiché: couvrir 50.000m2 de bureaux à Paris d’ici trois ans (contre 11.000m2 aujourd’hui). Deux nouvelles ouvertures devraient être annoncées à la rentrée. « Dès 2019, nous aimerions aussi nous lancer à l’international », dévoile Lawrence Knights. Pour ces investissements en cours et à venir, les deux entrepreneurs peuvent s’appuyer sur leur solide actionnaire historique, LNC SA (Les Nouveaux constructeurs – 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017), un acteur important de l’immobilier d’entreprise qui détient 84% du capital de Kwerk. Un atout de poids face aux mastodontes du secteur.

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