La BRI exhorte les banques centrales à maintenir le cap de la normalisation

La BRI exhorte les banques centrales à maintenir le cap de la normalisation

Aux banques centrales qui seraient tentées de s’éloigner du droit chemin en guise de réaction à la récente volatilité observée sur les marchés financiers, la Banque des règlements internationaux (BRI ou BIS pour Bank for International Settlements) répond non. Se voulant ainsi le gardien du temple en quelque sorte, ce qui constitue sa mission première.

La BRI a ainsi déclaré dimanche que la situation actuelle ne devait “pas dissuader les grandes banques centrales de relever les taux d’intérêt ni de mettre fin à des années de soutien monétaire sans précédent.” Elle estime en effet que malgré les récents soubresauts de ces dernières semaines, “la situation n’a pas fondamentalement changé”.

  • Nouvelles  turbulences en vue 

S’exprimant dans le cadre de son rapport trimestriel, la BRI – organe international de coordination des grandes banques centrales – se veut même un tantinet alarmante. Elle estime en effet qu’ après une longue période de calme, les marchés financiers devraient connaître de nouvelles turbulences après la correction observée en février dernier.

Selon elle, la tâche d’ores et déjà ardue dévolue actuellement aux banques centrales  – consistant en un difficile jeu d’équilibristes entre normalisation de la politique monétaire et maintien de la croissance – s’est complexifiée ces dernières heures. Le risque de guerre commerciale encouru après les propos pour le moins menaçants de Donald Trump en faveur de l’instauration de droits de douane aux Etats-Unis étant loin d’arranger la situation.

La BRI estime que le mouvement général de relèvement des taux – déjà initié outre-Atlantique – doit néanmoins se poursuivre.”Progresser sur ce chemin nécessitera beaucoup d’adresse, de discernement et, il est vrai, un peu de chance aussi”, a déclaré Claudio Borio, chef du département monétaire et économique de la BRI. Ou quand un financier parle de facteur chance …. pour un peu cela deviendrait inquiétant …Ce dernier invite par ailleurs les responsables des politiques monétaires à ne pas redouter la volatilité en tant que telle. Mieux encore, il estime que “durant le processus de normalisation, une certaine volatilité peut être leur alliée.”

  • La chute des Bourses mondiales due à l’embellie des salaires aux Etats-Unis

Selon Claudio Borio, la chute des Bourses mondiales survenue en février  est consécutive en grande partie à l’accélération des salaires aux Etats-Unis. Contexte qui aura fait craindre aux investisseurs que la Réserve Fédérale (FED) ne réalise un resserrement monétaire d’un niveau supérieur aux prévisions.

Rappelons que début janvier, une quarantaine d’Etats et de municipalités US ont vu la valeur des salaires minimum augmenter. Certains économistes estiment néanmoins qu’elles ne devraient être suffisantes pour qu’on puisse observer une hausse globale des salaires américains. Alors que depuis 2009, le Congrès n’a pas relevé le salaire minimum situé à 7,25 dollars de l’heure, au début de l’année, 18 Etats et une douzaine de municipalités ont décidé d’augmenter les rémunérations minimales. A titre d’exemple, le salaire horaire minimum de l’Etat de Washington est passé au 1er janvier à 11,50 dollars. Sa valeur correspond désormais au montant le plus élevé de tous les Etats. Certes, certains Etats prévoient d’atteindre à terme atteindre un montant de 15 dollars.

Le rapport officiel sur l’emploi américain publié en décembre 2017 a montré pour sa part que les salaires n’ont progressé que de 2,5 % l’année dernière, à peine au-dessus de l’inflation.

Depuis 2009, après la récession provoquée par la crise financière, la croissance des salaires a culminé juste au-dessus de 2 % annuel. Une progression certes un peu plus rapide que l’inflation mais néanmoins en dessous des 3 % atteints lors des reprises précédentes.

Autres éléments et acteurs mis en cause  par Claudio Borio : les produits cotés en bourse (ETP) et les spécialistes en produits dérivés (Commodity Trading Advisors, CTA). Lesquels prennent directement des positions sur la volatilité, soit, pris au dépourvu, se voient contraints de vendre pour couvrir leurs pertes.

Plus inquiétant, Claudio Borio estime que de telles turbulences pourraient de nouveau affecter les marchés. Lesquels évoluent – selon lui – “en terrain inconnu”. De même que l’économie mondiale. De quoi en inquiéter plus d’un ….

Sources : Reuters, AFP, BRI

Elisabeth Studer – 11 mars 2018 – www.leblogfinance.com

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