La CGT attaquera toutes les enseignes qui ferment après 21h

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Pourquoi avoir centré vos attaques sur le magasin Sephora des champs-Elysées alors que le personnel était motivé pour travailler de nuit ?

La loi est parfaitement claire sur le sujet et le Tribunal n’a fait que l’appliquer. Le travail de nuit en France est parfaitement encadré. Les textes stipulent que le recours au travail entre 21 heures et 6 heures du matin doit être exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Vendre du parfum la nuit ne relève pas de ces principes.

Mais les salariés ont fait une pétition pour maintenir l’ouverture nocturne car non seulement ils sont payés 50% de plus mais ils disent avoir organisés leur vie. Que leur répondez-vous ?

Le fait qu’il y ait des salariés volontaires pour travailler la nuit et être un peu mieux payés ne justifie pas qu’il faille maintenir une activité nocturne dont tous les rapports médicaux-sociaux disent les risques pour la santé et la sécurité. L’espérance de vie d’un travailleur de nuit est plus courte de deux ans. Il est de notre responsabilité syndicale d’agir pour éviter l’effet de propagation du travail de nuit.

Précisément, vous vous attaquez à Sephora mais son concurrent direct Marionnaud, présent à quelques dizaines de mètres sur les Champs Elysées est ouvert jusqu’à minuit tous les jours de la semaine dimanche compris…

Les choses sont très claires. Nous allons attaquer toutes les enseignes qui ferment leurs portes après 21 heures. Marionnaud n’échappera pas à cette règle comme la vingtaine d’enseignes des Champs Elysées dans ce cas. Je vous rappelle que nous avons déjà obtenu la condamnation d’Apple, Uniqlo ou encore les Galeries Lafayette et le BHV.

Mais les syndicats de Sephora étaient favorables à ce prolongement. Pourquoi vouloir aller à tout prix contre une culture d’entreprise qui était organisée pour le travail de nuit depuis 1996 ?

Cette pétition a été organisée par la direction et s’apparente à un vrai chantage à l’emploi. Dans la pétition publiée par quelques quotidiens la semaine dernière, la direction a mélangé les voix des salariés de l’enseigne et de démonstrateurs qui ne sont pas des collaborateurs de Sephora. En outre, cette pétition a été présentée par les chefs de service aux salariés qui n’ont pas eu vraiment le choix.

Peut-on se permettre le luxe de faire fermer des enseignes à 21 heures alors que le chômage n’a jamais été aussi élevé en France ?

Ce luxe d’ouvrir son magasin la nuit est réservé aux grandes enseignes, propriétés de grands groupes. La prise de part de marché dans ce secteur s’effectue notamment par l’élargissement des horaires. Or tout le monde ne peut pas suivre ce rythme. En élargissant le travail de nuit c’est l’équilibre de marques indépendantes, qui n’ont pas les moyens de payer double leurs salariés après 21 heures, qui serait menacé. Or ces points de vente sont aussi pourvoyeurs d’emplois sur notre territoire.

Les marques comme Apple, Monoprix ou Sephora disent qu’ouvrir le soir correspond aussi à des habitudes urbaines de consommation ou à des besoins qu’ont les touristes de consommer le soir. Ne craignez-vous pas, à force, la transformation de Paris en village ?

Permettre la consommation la nuit supposerait d’adapter les transports ou même les crèches à ces changements de consommation. C’est toute une société qui serait alors bousculée. Je ne crois pas que les touristes viennent à Paris pour s’acheter des parfums le soir ou un pull chez Uniqlo. En attendant, c’est un vrai sujet de société et nous demandons aux candidats à la mairie de Paris de se prononcer sur ce sujet. Nous demandons l’organisation d’une grande table-ronde avec tous les acteurs concernés : enseignes, salariés, syndicats, riverains, associations de protection de l’environnement.


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