La convention citoyenne pour le climat fait ses choix

La convention citoyenne pour le climat adopte ce weekend ses propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en respectant la justice sociale, un thème au coeur du débat sur le « monde d’après » la crise du Covid et qui pourrait déboucher sur un référendum.

Les 150 citoyens tirés au sort pour cet exercice de démocratie participative inédit à l’échelle nationale en France se réunissent de vendredi à dimanche pour voter sur environ autant de propositions, élaborées depuis neuf mois.

Le calendrier de la convention, qui devait initialement s’achever fin janvier, a été chamboulé d’abord par le long conflit sur la réforme des retraites, puis les mois de confinement face à l’épidémie de coronavirus. Mais la crise « nous a donné comme un élan final, une sorte de prise de conscience. Car le mandat, c’est nous qui l’avons », juge Sylvain Burquier, 46 ans, un des citoyens, en référence aux initiatives qui se sont multipliées pour faire des propositions sur le fameux « monde d’après ».

Des règles allant de la consommation à l’automobile

Le convention citoyenne était repartie en groupes de travail, par thématique, afin d’élaborer des propositions sur un domaine. Le groupe « consommer » propose notamment d’indiquer l’empreinte carbone sur l’emballage des produits, d’interdir la publicité aux produits les plus polluants, ou encore la mise en place d’un système de consigne de verre généralisé.

Parmi les propositions faites par cette convention citoyenne, quelques-unes visent directement l’automobile. On peut retenir la limitation de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes, l’interdiction de circulation à des véhicules trop polluants dans les centres-villes, ou encore, dès 2025, l’interdiction de commercialisation de véhicules très émetteurs de gaz à effet de serre.

Renégociation du CETA, réduction du temps de travail

Le groupe « se nourrir », en charge de l’alimentation, envisage l’enseignement de l’agroécologie à l’école, l’interdiction des pesticides considérés comme les plus dangereux, et même la renégociation du CETA afin d’y intégrer les objectifs de l’accord de Paris. Un autre groupe a lui proposé une réduction du travail hebdomadaire, avec une semaine de 28h payée 35h.

Organisateurs et participants de la CCC attendent de savoir à qui ils remettront dimanche après-midi leurs propositions, qui seront rendues publiques, ainsi que le résultat du vote des participants. Beaucoup espèrent que ce sera au chef de l’Etat, qui était déjà venu s’exprimer devant la CCC en janvier.

Mais avant tout c’est la qualité de la réponse de l’exécutif (dont les modalités restent elles aussi encore floues) qui comptera. « Il faudra regarder ça comme un tout et ne pas picorer » au choix dans les propositions, souligne ainsi Thierry Pech, directeur du think-tank Terra Nova et co-président du Comité de gouvernance.

Et il « serait bon que (les propositions) de la convention fassent partie des bases » du plan de sortie de crise « écologique et solidaire » que le président Macron s’est engagé à « préciser » en juillet, renchérit Laurence Tubiana, co-présidente du comité et cheville ouvrière de l’Accord de Paris sur le climat de 2015.

Les citoyens entendent eux aussi y veiller, notamment en créant une association « Les 150 », et nombre d’ONG, sceptiques au départ sur une convention vue comme une énième instance pour débattre de mesures déjà sur la table, insistent elles aussi sur un passage à l’action. « Nous serons très vigilants que le président tienne sa promesse et ne prenne pas les travaux comme un menu à la carte », souligne ainsi Anne Bringault, responsable transition énergétique au Réseau Action Climat, fédération d’ONG.

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