La DGAC s’alarme de l’état financier des compagnies aériennes françaises

Le devenir de certaines compagnies françaises serait-il menacé ? C’est en tout cas le cri d’alarme lancé récemment par le directeur de la Direction générale de l’aviation civile, Patrick Gandil, lequel s’inquiète de l’état de santé financier de plusieurs sociétés de l’Hexagone.
« La situation économique de plusieurs compagnies aériennes françaises m’inquiète franchement », a-t-il ainsi la semaine dernière lors du congrès annuel de l’Alfa-ACI, l’association des aéroports francophones.

Selon Patrick Gandil, une des solutions envisageables serait de d’étudier la possibilité de mettre en œuvre « un partage différent du surplus économique ».  Il estime en effet que  » la situation économique des acteurs de l’aviation est contrastée », avec d’un côté les avionneurs et les aéroports et de l’autre les compagnies aériennes confrontées à d’importantes difficultés.

La semaine dernière, a été votée une hausse de 2,95% des redevances versées à Aéroports de Paris (ADP) aux compagnies aériennes présentes sur les aéroports de Roissy Charles-de-Gaulle et d’Orly. Vote établi à l’issue d’une réunion de la commission consultative économique (cocoeco), composée des représentants de différents ministères, de la DGAC, de plusieurs associations professionnelles, dont plusieurs représentants les compagnies aériennes.
Si cette augmentation prévue pour 2014 est certes inférieure au plafond autorisé par le contrat de régulation économique (CRE) 2010-2014 passé entre l’Etat et ADP (+3,74%), elle n’en est pas moins refusée par l’ensemble des compagnies aériennes françaises, notamment Air France.

Alain Battisti, le président de la FNAM (fédération nationale de l’aviation marchande), déplore pour sa part une hausse « quatre fois supérieure au niveau d’inflation retenu (+0,689%) ». Pour lui, le secteur est «en mode survie » … mais surtout inéquitable.

traitants  des compagnies aériennes, il estime au final inacceptable que – d’une manière indirecte – ces sociétés continuent « de financer les excellents résultats financiers d’ADP, contrôlé majoritairement par l’Etat ». Et ce,  alors même « que le ministre des Transports avait constaté que la chaîne de valeur dans le transport aérien était mal partagée ».

Faisant ainsi allusion aux propos du ministre des transports, Frédéric Cuvillier, lequel a notamment déclaré en octobre dernier au micro de France Info qu’il fallait « rééquilibrer la richesse que génère le transport aérien, une richesse mal répartie« . Ajoutant par ailleurs que « la politique du gouvernement » était « de conforter les compagnies aériennes, donc l’emploi« , précisant à cet égard qu’un million de passagers, était générateur de 1.000 emplois, et constituait donc « un facteur de croissance très important« .

Il y a quelques jours, le Scara ((Syndicat des compagnies autonomes) avait lui aussi tiré la sonnette d’alarme sur la situation du transport aérien français. « On va inévitablement entrer dans le dur, avec moins de développement et des plans sociaux » avait ainsi déclaré Jean-François Dominiak, vice-président du Scara et PDG d’Europe Airpost.

En février dernier, Frédéric Cuvillier avait présenté en Conseil des ministres son plan de soutien au secteur aérien en vue de renforcer de la compétitivité de l’économie française. Une politique visant à permettre au secteur aérien français, qui représente 800 000 emplois et 4% du PIB, de maintenir son rang dans la compétition internationale.
Le ministre avait indiqué à cette occasion que le secteur aérien, « vecteur essentiel d’une économie moderne et internationalisée », se caractérisait par « des situations contrastées ». La construction aéronautique, premier contributeur national aux exportations avec un solde positif de 18 milliards d’euros et 13 000 créations d’emplois en 2011, connaissant une situation favorable, tout comme les aéroports. Les compagnies aériennes françaises, malgré l’augmentation du nombre de passagers, étant en revanche « confrontées à un déficit de compétitivité qui leur fait perdre des parts de marché et hypothèque leur avenir ».

Sources : La Tribune, France Info, Ministère des Transports

Elisabeth Studer – 28 novembre 2013 – www.leblogfinance.com


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