La grande victoire du cinéma Français contre les service de VOD

Le cinéma français ne boude pas son plaisir : une nouvelle règlementation européenne va contraindre les services de vidéo à la demande comme les chaînes de télévision à participer à la création de contenus des pays européens qu’ils ciblent, même s’ils n’y sont pas implantés.  » Nous sommes très contents de cette décision « , confie à Challenges Marc Missonnier, fondateur de Fidélité Production, qui produisit notamment Huit Femmes, Swimming pool (films d’Ozon), Le Petit Nicolas et Astérix et Obélix: Au service de sa majesté, la quatrième adaptation cinématographique de la bande dessinée.

Fin de l’angélisme

 » Il y avait une distorsion de concurrence entre les acteurs nationaux soumis à des obligations de financement d’une part et les plateformes qui n’étaient tenues à aucune contrainte », rappelle-t-il. Pour le producteur, cette décision européenne montre bien que  » l’angélisme  » qui a trop longtemps prévalu a fait long feu.  » Nous nous sommes trop longtemps laissé endormir par le discours disant que la liberté devait primer avant de réaliser que ce système engendrait des distorsions de concurrence. Il y a eu une prise de conscience à la fois des institutions, de la commission européenne et des milieux du cinéma « , estime-t-il.  » Les plateformes créées sur un vide juridique ne peuvent dorénavant plus s’exempter de leurs responsabilités ni sur le plan de la régulation ni en termes éditorial « . Les Netflix, Altice, Apple et autres plateformes devront composer eux aussi avec ces contraintes.

En plus de cette obligation de financement, la directive Services de médias européens (SMA), qui sera techniquement finalisée fin juin, va aussi imposer à tous les diffuseurs européens, télévision comme services de vidéo à la demande, l’obligation de proposer au moins 30% de contenus européens. Une petite victoire pour la position française qui défendait ce taux de 30% face à des pays favorables à un taux plus bas de 20%. Quel sera l’impact de cette décision sur la création européenne, qui devrait du coup profiter d’un effet  » quota  » ?  » Nous sommes incapables de traduire en chiffres cette mesure « , avoue Marc Missonnier, tout en se réjouissant que le nouveau texte européen soit  » sous-tendu par la volonté de faire émerger une création européenne « .

Une mesure qui devrait doper la création européenne

Les films français sont déjà bien représentés sur le marché français : la part de marché des films français est l’une des plus forte d’Europe : sur 210 millions d’entrée en 2017, 37% ont été à des films français. Et le cinéma français s’exporte bien : en 2017, le nombre d’entrées à l’étranger (80,5 millions) a dépassé les entrées françaises.

Critiquée pour une communication trop discrète et de récentes maladresses, la Ministre de la Culture Françoise Nyssen peut mettre cette décision européenne à son crédit. La nouvelle directive  » permettra de remédier aux distorsions de concurrence et de prévenir les délocalisations opportunistes. Surtout, cela protègera le financement de notre création « , s’est félicitée la Ministre sur son site. C’est une  » grande victoire pour notre Ministre qui a beaucoup oeuvré pour obtenir cette décision « , salue la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte.

Challenges en temps réel : Économie