La job machine repart, Hollande peut sourire

C’est une bonne nouvelle pour François Hollande, lui qui mise sa réélection en 2017 sur l’inversion de la courbe du chômage. Dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee prédit une stabilisation du nombre de demandeurs d’emploi. « Au second semestre, la hausse attendue de l’emploi serait suffisante pour compenser celle de la population active, si bien que le taux de chômage serait stable à 10,3 % (contre 10,5 % fin 2014) », écrivent les économistes. Une prévision surprenante compte tenu de la hausse significative du taux de chômage au mois d’août dernier. Selon les statistiques de Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a grimpé de 20.000 en août, en métropole, soit une augmentation de 0,6 % par rapport à juillet et de 4,6 % en un an. Un boom qui porte ce nombre à un niveau record : 3.571.600 personnes sont concernées dans l’Hexagone (un peu plus de 3,835 millions en incluant l’outre-mer).

Une croissance faible qui crée des emplois

Mais le vent semble tourner pour le gouvernement. La « job machine » se remet en marche. Et ce, malgré ce paradoxe : avec une croissance faible – estimée à 1,1% pour 2015 selon l’Insee – l’économie française crée de nouveau des emplois. En tout, près de 120 000 postes seraient créés au cours de l’année 2015. Dans le détail, l’emploi marchand rebondit au deuxième trimestre après un léger repli en début d’année. L’institut de statistique table sur 41 000 créations de nouveaux postes, contre une destruction de 63 000 en 2014.Pour ce qui est du secteur non marchand, « l’emploi progresserait nettement (+55 000), en grande partie du fait des contrats aidés (+35 000) », précise l’Insee.

Pour faire face à la recrudescence du chômage des jeunes et des seniors, le gouvernement a mis sur pied dès 2012 deux types de contrat aidés : les contrats d’avenir et les contrats de génération. Si l’objectif originel de ces deux dispositifs était de faire revenir dans l’emploi les moins qualifiés, très vite l’exécutif a dévoyé cet outil pour s’en servir de politique conjoncturelle afin de faire baisser le taux de chômage. Ce qui semble avoir fonctionné malgré la maigre réussite du contrat de génération, boudé par les entreprises. Autre bémol, l’explosion du nombre de contrats à durée déterminée (CDD). Selon une enquête du ministère du Travail publiée en décembre 2014, plus de huit embauches sur dix ont été réalisées en CDD en 2013. Une tendance de fond qui illustre la préférence des entreprises pour des contrats courts. Ce qui leur permet de faire face à la conjoncture en pouvant embaucher puis débaucher au grès du remplissage de leurs carnets de commandes.

Le CICE : un dispositif qui fonctionne

Ce dynamisme de l’emploi a été largement favorisé par la montée en puissance du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) du Pacte de responsabilité qui « enrichissent la croissance en emplois » juge l’Insee. Un argument pour François Hollande qui depuis deux ans doit ferrailler avec l’aile gauche du Parti socialiste pour faire accepter sa politique économique de l’offre incarnée par ces mesures de soutien aux entreprises. Ce sont les premiers résultats positifs en termes d’emploi. Déjà l’Insee dans son enquête de conjoncture de mars 2015 s’était risqué à cet exercice. Selon cet organisme public, ce crédit d’impôt, calculé sur la masse salariale jusqu’à 2,5 smics, a permis de « sauver ou créer » 60 000 postes en 2014 et probablement 80 000 en 2015. Ce constat milite en faveur d’un certain nombre d’économistes qui estiment que le ciblage du CICE est trop large. « Il aurait fallu cibler les bas salaires pour stimuler encore plus l’emploi », avance Augustin Landier, professeur de finance à la Toulouse School of Economics. 

Au final, grâce à sa politique le président va-t-il réussir à inverser la courbe du chômage? Selon Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l’économie française recommence à créer des emplois à partir de 0,9% de croissance du PIB. Mais pour absorber les quelque 150.000 nouveaux entrants sur le marché du travail chaque année, il faut atteindre un taux de croissance d’au moins 1,4%, toujours selon ce spécialiste du marché du travail. Conclusion: l’inversion de la courbe n’est pas pour cette année…

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