La Lituanie se tourne vers les USA pour s’approvisionner en gaz, stratégie pour affaiblir la Russie ?

Nouveau protagoniste dans la guerre du gaz qui oppose la Russie aux Etats-Unis : la Lituanie. Ce pays, ancien membre de l’URSS se tourne désormais vers l’oncle Sam pour s’approvisionner en hydrocarbure. Une petite révolution, en quelque sorte, voire un modèle pour les anciennes républiques soviétiques qui tentent de s’affranchir de la tutelle russe dans le domaine énergétique.

La Lituanie a ainsi annoncé samedi avoir signé un accord avec l’Américain Chenier Energy, portant sur des livraisons de gaz naturel liquéfié. Selon un communiqué du groupe gazier national lituanien Litgas, les les premières livraisons de gaz devraient être effectuées dès l’année prochaine.

« L’accord avec Chenier nous donnera l’accès au riche marché du gaz naturel américain », a indiqué pour sa part Dominykas Tuckus, le directeur général de Litgas.

Notons que cet accord est désormais rendu possible grâce à l’inauguration en octobre 2014 d’un terminal flottant, ce dernier mettant un terme au monopole de Moscou dans les pays baltes. Sa capacité de stockage est de millions de mètres cubes de gaz par an, un volume bien plus important que les 2,7 millions de mètres cubes achetés à Gazprom  en 2013, jusqu’à présent seul fournisseur de la Lituanie dans le domaine du pétrole et du gaz. Cerise sur le gâteau : le terminal peut également approvisionner la Lettonie et l’Estonie, lesquelles demeurent elles aussi dépendantes du géant gazier russe.

Rappelons par ailleurs qu’un contrat avait déjà été signé en août dernier entre la Lituanie et le Norvégien Statoil, accord portant sur des livraisons pendant cinq ans, à partir de 2015, de 540 millions de mètres cubes de gaz par an.

La bataille ne pourrait bien faire que commencer …. Rokas Masiulis, le ministre lituanien de l’Energie, a ainsi indiqué cette semaine que les s exportations de gaz liquéfié par les États-Unis étaient susceptibles d’affaiblir la position de la Russie, laquelle use de cette arme fatale pour faire plier les anciennes républiques soviétiques. La Lituanie pourrait donc offrir un angle d’attaque à Washington pour frapper Moscou en son point le plus sensible.

Il convient toutefois d’être vigilant.

Rappelons ainsi qu’en septembre 2014, Barcak Obama, le Président des Etats-Unis, s’exprimant dans une série de discours et de conférences de presse donnés dans le cadre du sommet de l’OTAN, avait publiquement déclaré que l’armée US maintiendrait une présence permanente dans les Etats baltes, en Estonie, en Lituanie et en Lettonie, qui bordent la Russie. Promettant également que les forces aériennes et terrestres américaines « se tiendront à tout jamais prêtes à réagir à toute déclaration d’agression russe de la part du gouvernement de ces pays, par une attaque contre Moscou ».

Lors de sa visite dans la capitale de l’Estonie, Obama avait également annoncé une série de décisions militaires à l’encontre de la Russie de la part des Etats-Unis et de l’OTAN, ainsi que des sanctions économiques élargies.

Ces déclarations représentaient alors une énorme escalade des menaces militaires proférées contre la Russie par les Etats-Unis et l’OTAN. Sans attendre l’avis du peuple américain, le gouvernement Obama s’est alors engagé à ce que le pays entre en guerre contre la deuxième puissance nucléaire du monde au sujet de trois petits pays d’Europe de l’Est …. pétrole et gaz sont en effet des enjeux permettant de justifier à sa manière cette stratégie US.

En annonçant vouloir renforcer sa présence dans les pays baltes, Washington sous entend « davantage de forces américaines, « y compris des troupes américaines au sol en rotation continuelle entre l’Estonie et la Lettonie et la Lituanie. »

Si d’un point de vue géostratégique, le sort de l’Estonie, de la Lituanie et de la Lettonie en tant que tel n’a que peu de valeur pour les Etats-Unis, le positionnement de forces terrestres et aériennes et de matériel militaire à quelques kilomètres à peine de sa frontière consiste une menace de tout premier ordre pour la Russie.

Via ces engagements, le gouvernement américain lie en quelque sorte l’avenir de la population US, voire, par ricochet de la population mondiale, à trois petits pays dont la population totalise 6,6 millions d’habitants. Mais dont les gouvernements s’avèrent être ultranationalistes et viscéralement anti-russes, étant en grande partie constitués d’oligarques ayant fait sécession avec la Russie, en faisant usage de pratiques peu recommandables.

Les plus hauts responsables de ces différents Etats entretiennent également des liens étroits avec le renseignement américain et le Pentagone. Comme on pouvait – malheureusement – s’y attendre, ces gouvernements imposent à l’heure actuelle des programmes d’austérité de nature à appauvrir la population, supprimant les protections sociales, pour au final ouvrir leur économie respective à l’ultra-capitalisme. Au plus grand bonheur des oligarques qui les dirigent et des finances US …

Précisons ainsi que la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, a suivi des cours à l’université de Georgetown à Washington DC après que la Lituanie a fait sécession de l’Union soviétique. De 1996 à 1999, elle a exercé les fonctions de ministre plénipotentiaire à l’ambassade de la République de Lituanie aux États-Unis.

Sources : AFP, WSWS.org

Elisabeth Studer – 28 février 2015 – www.leblogfinance.com –


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