La prochaine crise pourrait menacer la cohésion de la zone euro (BCE)

La zone euro doit accélérer ses réformes pour éviter de frôler de nouveau l’éclatement à la prochaine crise économique, a averti vendredi un haut responsable de la Banque centrale européenne.

« Même un léger ralentissement pourrait engendrer d’importants coûts économiques et sociaux » et « tester une nouvelle fois la cohésion de l’union monétaire », a déclaré Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, lors d’une conférence à Ljubljana, en Slovénie.

La croissance du PIB a atteint en 2017 son rythme le plus rapide en une décennie, à 2,5%, selon Eurostat cette semaine.

Mais en dépit de l’embellie économique passée, « les défaillances institutionnelles qui ont provoqué et fait durer la crise n’ont toujours pas été résolues », a averti Benoit Coeuré.

Le banquier central français a désigné trois « lignes de défense » pour renforcer la zone euro contre les chocs futurs.

D’une part, les marchés et les services devraient être davantage intégrés en Europe pour mieux absorber les pertes potentielles sans faire appel aux contribuables. Les gouvernements nationaux ont eux à réformer leurs économies pendant que la conjoncture reste au beau fixe.

Ensuite, les gouvernements doivent dégager des marges budgétaires permettant de mieux absorber les coups durs, et le mécanisme européen de stabilité, mis en place pendant la crise pour prêter aux États défaillants, devrait voir ses prérogatives élargies.

Enfin, la zone euro a besoin d’un « instrument fiscal » qui puisse l’aider à faire face à des chocs importants « sans avoir à dépendre excessivement de la BCE », a plaidé M. Coeuré.

A ce sujet, le président français Emmanuel Macron s’est fait le fer de lance d’un budget de la zone euro qui serait contrôlé par un ministre des finances.

La chancelière allemande de centre-droit, Angela Merkel, a soutenu timidement ce plan, alors qu’elle n’en a pas fini avec les négociations en vue de former un nouveau gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates.

Mais des divergences subsistent entre Berlin, Paris et les autres membres de la zone euro sur les modalités de partage des coûts et des risques liés à un tel budget.

La BCE pratique de son côté des taux historiquement bas et a acheté plus de 2.300 milliards d’euros d’obligations depuis 2015, ce qui a permis de préserver l’intégrité de la zone euro et de soutenir la croissance.

Bien qu’inédites en zone euro, ces mesures ont toujours été menées dans le cadre légal, rappelle M. Coeuré. Mais « sans d’autres réformes, la prochaine crise pourrait forcer la BCE à tester les limites de son mandat ».

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