« La zone euro peut sortir gagnante du Brexit »

Quel peut-être l’impact d’une sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne ?

L’issue incertaine du référendum britannique, qui aura lieu le 23 juin prochain, alimente toutes les spéculations. Selon les modèles retenus, le PIB du Royaume-Uni pourrait diminuer de 5% ou au contraire augmenter de 6%, s’il sortait de l’Union européenne. Pourtant, ni le Premier ministre anglais, ni la banque d’Angleterre n’en ont précisé les modalités. Néanmoins, une chose est certaine, que peu d’observateurs ont noté : les chambres de compensation, ces organismes financiers qui garantissent la sécurité des transactions en euro, seraient rapatriées de Londres aux capitales de la zone euro. L’enjeu est considérable, tant sur le plan financier que politique.

Pourquoi ?

Le fait que ces chambres de compensation soient basées à Londres prive la Banque centrale européenne (BCE) de la maîtrise d’une partie des systèmes de paiement en euros. Et cela limite l’efficacité de sa politique monétaire. De plus, la crise des dettes italienne et espagnole a montré que les chambres de compensation londoniennes avaient sur-réagi en demandant des garanties supplémentaires aux opérateurs, qui se basaient sur un éclatement de la zone euro. Enfin, compte tenu des transactions qu’elles réalisent, soit 130.000  milliards d’euros par an environ, la défaillance de l’une d’entre elles pose la question du « prêteur en dernier ressort », garantissant un refinancement aux banques, la fonction exercée par la banque centrale.

Pourquoi avoir laissé ces chambres de compensation traitant de l’euro au Royaume Uni ?

En 2011, la BCE a demandé à ce que ces chambres de compensation soient basées en zone euro mais le Royaume-Uni l’a attaquée devant la Cour de justice de l’Union européenne. Cette dernière lui a donné raison au motif que ce n’était pas à la BCE mais aux instances politiques européennes de prendre une telle décision. Ainsi, si les Britanniques sortaient de l’Union européenne, les chefs d’Etats et de gouvernements de la zone euro pourraient demander, immédiatement, la relocalisation des chambres de compensation traitant l’euro. Il en résulterait une activité financière nouvelle et un meilleur fonctionnement de l’Eurosystème. Selon nos calculs, l’impact serait considérable puisque près de 700 milliards d’euros pourraient à terme déferler sur la zone euro.

Et si les Britanniques décident de rester dans l’Union Européenne ?

La question resterait posée de toute façon. Il suffirait que les pays de la zone euro se mettent d’accord pour demander la relocalisation des chambres de compensation. A eux seuls, ils ont la majorité qualifiée au Conseil européen, depuis novembre 2014. De plus, David Cameron n’a pas obtenu le droit de veto sur les décisions qui concernent la zone euro. L’enjeu du référendum était bien de contrer les velléités de renforcement de la zone euro. Mais David Cameron a perdu le bras de fer avec des pays qui veulent enfin décider de leur destinée commune.

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