L’Arabie saoudite bientôt confrontée à un déficit budgétaire ?

Le pétrole ? Cà eût payé. C’est en effet l’amère constat auquel est contrait à l’heure actuelle l’Arabie saoudite.

Pire encore, compte-tenu de l’effondrement du cours du brut, et en vue de conserver ses fonds, depuis quelques temps déjà, les autorités saoudiennes retardaient de six mois leurs paiements à certaines entreprises responsables de projets infra-structurels.

Depuis le début de l’année 2015, les délais se sont encore allongés, et le gouvernement souhaite désormais reconsidérer le montant des contrats déjà conclus, dans l’espoir de les revoir à la baisse.

Dans un avenir proche, le pays pourrait même se heurter à un déficit budgétaire. Chose qui ne s’était plus vue depuis 2009.

Alors que la manne pétrolière assure près de 80% des revenus de l’Arabie saoudite, le pays se voit forcé de recourir aux réserves internationales et de réduire ses dépenses. Le gouvernement a d’ores et déjà laissé entendre qu’il souhaitait diminuer ses dépenses d’investissement et à ajourner plusieurs projets.

Les dettes pourraient ainsi ralentir la réalisation des projets dont la mise en œuvre a déjà débuté, dont la construction du métro à Riyad, infléchissant l’expansion nécessaire à la création d’emplois pourtant nécessaire face à l’augmentation de la population.

Si dans le passé, les dépenses de l’Etat permettaient de doper l’économie saoudienne, aujourd’hui, le déficit budgétaire s’élèverait, selon HSBC, à 300 milliards de dollars. Si l’on en croit Bloomberg, la croissance ne devrait atteindre dans le meilleur des cas que 3%.
Il est désormais loin le temps, où, comme en 2011, lorsque les autorités ont annoncé 130 milliards de dollars dans les dépenses sociales, l’économie a crû de 10 %.

Fin août, les avoirs extérieurs nets ont baissé d’environ 82 milliards de dollars, après avoir atteint un niveau record l’an dernier. Le pays a levé 55 milliards de riyals ( 15 milliards de dollars ) d’émission de la dette cette année.

Il convient certes de relativiser puisque la dette nationale saoudienne reste à un niveau relativement bas, ne dépassant pas la valeur de 2% du PIB.

En avril dernier, le journal Challenges rappelait toutefois la très grande puissance financière des Saoudiens sont très puissants. Indiquant que ces derniers étaient dotés de grosses réserves de cash et de l’un des niveaux de rentabilité du baril le plus bas du monde. Il indiquait ainsi que selon les estimations, un prix du baril avoisinant les 10 dollars serait encore rentable pour le pays. Mieux encore, son brut est l’un des plus polyvalents de la planète alors que le schiste américain est plus léger, et contient beaucoup de liquides de gaz naturel, mal adaptés à la distillation du kérosène et du diesel.

A l’heure actuelle, l’Arabie Saoudite refuse de baisser sa production – ce qui permettrait de restreindre l’offre et donc de doper les prix – pour ne pas perdre ses parts de marché. Une politique qui alimente la guerre des prix menée avec les autres pays producteurs de pétrole comme les États-Unis, le Canada ou le Brésil.

Elisabeth Studer – 21 octobre – www.leblogfinance.com

Sources : HSBC, Bloomberg, Challenges


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