Le Canal+ de Bolloré veut la tête des Guignols

Le sort des Guignols qui scandent les soirées de Canal+ depuis plus de 25 ans est-il vraiment compromis? Les marionnettes devenues emblématiques de l’insolence et de la liberté de la chaîne cryptée provoquent une de ces mobilisations médiatico-politiques dont la France a le secret. A l’origine de ce chamboule-tout dans la chaîne cryptée, un homme, Vincent Bolloré. Challenges a rencontré hier celui qui préside le conseil de surveillance de Vivendi, maison mère de Canal+. Il a autre chose à faire que de s’occuper des Guignols, répond-il en substance. On sur-interprète à tort selon lui des propos anciens. Mais il élude largement les questions.

 Méheut toujours en place

Selon un proche, il s’agirait de rénover les Guignols sans les supprimer à ce stade. Le cas ne semble pas tranché. Au contraire, Bolloré dément le départ du patron de Canal+, Bertrand Méheut, 64 ans, qu’on dit poussé vers la sortie. Aucune discussion de cette sorte n’est en cours, selon lui, et Bolloré assure que Bertrand Méheut sera là et bien là à la rentrée. «Bertrand Méheut est mon ami, je le garde aussi longtemps que je pourrai», assure-t-il.

Mais Bolloré entend bien secouer Canal+. Le groupe est attaqué sur tous ses marchés, il doit bouger, dit-il. Et l’homme d’affaires répète un mot clé: il parle longuement des «talents». Les talents, ce sont les plumes, les auteurs de scenarii de films ou de théâtre, les acteurs, les réalisateurs, les chanteurs et musiciens. «Il faut faire de la recherche sur ces talents et leur donner les moyens de toucher leurs publics», explique Bolloré. Le tycoon regrette que beaucoup d’entre eux, comme Jamel Debouze ou Guillaume Gallienne, aient quitté Canal+. Il veut davantage de créativité, aimerait par exemple que Canal développe des séries courtes.

Et il a un grand dessein : Bolloré veut proposer la culture française dans le monde entier. Il pense qu’il y a une place entre la culture américaine qui exaspère beaucoup de pays dans le monde et la culture asiatique souvent difficile à exporter. Cette place, Canal+ et Universal peuvent et doivent la prendre. C’est son axe stratégique et les managers qui le connaissent le savent: il vaut mieux s’y plier. 

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