Le changement climatique bientôt pris en compte par le fonds de pension public norvégien ?

Alors que les tournesols fleurissent encore les campagnes françaises et que les raisins ornent à leur manière les ruelles en guise de décoration de Noël, un groupe d’experts a invité mercredi le fonds de pension public norvégien, le plus gros fonds souverain au monde, à tenir compte du changement climatique dans les critères éthiques régissant ses investissements. A l’heure actuelle, le fonds d’une valeur de 6.080 milliards de couronnes (702 milliards d’euros) doit notamment s’abstenir d’investir dans les groupes coupables de graves violations des droits de l’Homme, ceux recourant au travail des enfants, fabriquant des armes particulièrement inhumaines ou encore produisant du tabac.

Mandatés par le gouvernement norvégien en vue d’examiner une éventuelle sortie du fonds des producteurs de charbon, de pétrole et de gaz naturel, les six experts indépendants n’ont pas voulu se prononcer sur un éventuel désengagement des énergies fossiles. Brisant ainsi l’espoir des défenseurs de l’environnement et d’une partie de la classe politique du pays.

« Nous recommandons qu’un nouveau critère, +contribution au changement climatique+, soit inclus dans les lignes directrices régissant la mise en observation et l’exclusion d’entreprises bénéficiant des investissements du fonds », écrivent toutefois les experts dans leur rapport.
Une manière pour eux d’autoriser l’exclusion d’une entreprise dans le cas où elle contribuerait à un risque inacceptable ou qu’elle soit responsable d’agissements ou omissions (…) sérieusement négatifs pour le climat.

Rappelons que le fonds de pension public norvégien est alimenté par les revenus pétroliers de l’État norvégien. Il est investi en produits financiers et dans le secteur immobilier situé en dehors du territoire norvégien.

reste que selon les avis des experts, la production énergétique à partir de sources fossiles, la consommation d’énergie et les émissions de CO2 ne peuvent pas être considérées comme (des pratiques) contraires aux normes éthiques généralement acceptées …

Une position leur permettant de ne pas recommander « une exclusion automatique par le fonds de tous les producteurs de charbon, de pétrole et de gaz naturel ».

Lors d’un point de presse, le responsable du groupe d’experts, Martin Skancke, a par ailleurs indiqué que le fonds pouvait jouer un rôle plus positif pour le climat en exerçant ses droits d’actionnaire plutôt qu’en excluant les mauvais élèves de son capital.

Des conclusions qualifiées d’ »extrêmement décevantes et sans ambition » par la branche norvégienne de Greenpeace.

Reste que le Parlement norvégien n’a pas dit son dernier mot. La question y sera examinée au printemps prochain, alors que plusieurs partis souhaitent qu’au minimum le fonds se désengage de ses investissements dans le secteur du charbon.

Cette annonce intervient alors qu’en début de semaine, KLP, autre important fonds de pension norvégien, avait annoncé qu’il avait cédé toutes ses parts dans 27 entreprises exploitant le charbon.

Début novembre, les experts internationaux sur le climat ont prévenu à Copenhague que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère avaient atteint les niveaux les plus élevés depuis 800.000 ans. Selon eux, il faut agir sans attendre et réduire les émissions mondiales de ces gaz (CO2, méthane, protoxyde d’azote), et donc se détourner des énergies fossiles.

Il n’en demeure pas moins qu’à la même période, le Premier ministre australien défendait l’utilisation du charbon comme source d’énergie malgré les avertissements de l’ONU sur les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.

Interrogé sur le sujet, Tony Abbott a ainsi estimé que le charbon, dont l’Australie est un grand exportateur, était essentiel pour l’économie nationale.

Tony Abbott avait qualifié en son temps de « sottises absolues » les études scientifiques attribuant à l’homme le réchauffement climatique et est déjà monté au créneau pour défendre l’industrie minière. Et ce alors que l’Australie est un exportateur majeur de charbon et de minerai de fer.

Sources : AFP, Sciences et Avenir

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 05 décembre 2014

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