Le cours du pétrole au plus bas depuis 7 ans, plombé par l’Opep

Le prix du baril a dégringolé lundi à son plus bas niveau depuis près de sept ans, plombé par l’immobilisme de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) face à une offre pléthorique au niveau mondial.

Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier aura ainsi perdu en une seule journée 2,32 dollars, s’échangeant désormais à 37,65 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Ce qui correspond au plus bas niveau de clôture d’un contrat de référence depuis février 2009.

Parallèlement à Londres, le prix du baril de Brent a lui aussi chuté à son plus bas niveau depuis début 2009, le cours du contrat pour janvier perdant 2,27 dollars à 40,73 dollars.
Les investisseurs semblent ainsi réagir de manière extrêmement défavorable aux conclusions de la réunion de l’Opep.

Il est vrai que les marchés comptaient jusqu’à présent sur les membres du cartel pour tenter de freiner la surabondance de l’offre ou du moins s’entendre un minimum entre eux, même si l’espoir d’une éventuelle réduction de ses quotas de production s’amenuise de jour en jour.

Mais au final, l’Opep a décidé de maintenir son offre à des niveaux inchangés, sans même fixer un objectif chiffré. Le fait que certains pays dérogent depuis des lustres aux limitations qui leur sont alignées n’est peut-etre pas totalement étranger à l’affaire. Certes, il n’est de secret pour personne que le plafond de production globale du cartel est théorique. Selon différentes études la production réelle des pays de l’Opep se situe en effet actuellement aux alentours de 32 millions de barils par jour (mbj), soit nettement plus que l’objectif de 30 mbj qui avait été maintenu lors de ses précédentes réunions.

Si, de manière collective, la plupart des membres du cartel, Venezuela en tête, semblaient de prime abord prêts à diminuer le niveau global de leur production en vue d’envoyer un signe haussier au marché, quand il s’agit de prendre clairement une décision individuelle, ce n’est plus du tout la même affaire.

En un an, l’Opep a déjà perdu 450 milliards de dollars de revenus alors même que le cartel n’a jamais autant produit de pétrole, pour tenter d’asphyxier les productions concurrentes, notamment celle des États-Unis, mesures non suivies des effets escomptés jusqu’à présent.

Le marché doit également compter sur le retour de l’Iran, lequel compte bien profiter des retombées de la manne pétrolière dès la levée des sanctions occidentales. « L’Iran n’est pas prêt à accepter des discussions remettant en cause son droit d’augmenter sa production de pétrole, malgré la chute actuelle des cours du brut », a ainsi déclaré jeudi à Vienne le ministre iranien du Pétrole. « C’est notre droit » d’augmenter notre production et « personne ne peut nous limiter » dans cette voie, a-t-il ajouté, précisant que l’Iran n’accepterait pas que ses collègues de l’Opep fassent pression sur lui pour poursuivre les sanctions à son égard. « Ce n’est un sujet de discussion avec personne de limiter le niveau de production de l’Iran », a ainsi insisté M. Zanganeh.

Le ministre a également répété que l’Iran avait l’intention d’augmenter sa production d’au moins 500.000 barils par jour (mbj) immédiatement après la levée des sanctions occidentales, début 2016. Ajoutant que la production augmenterait ensuite d’un million de barils jour pour atteindre environ 3,8 mbj au total.

Le ministre iranien du Pétrole a également précisé que Téhéran n’avait aucune responsabilité dans la baisse actuelle des cours du pétrole, qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis la mi-2014.

« L’Iran n’a aucune responsabilité dans cette chute. C’est la responsabilité des membres producteurs de l’Opep et des autres qui ont produit plus que le plafond théorique, s’est défendu Bijan Namdar Zanganeh.

L’Irak ne souhaite aucunement pour sa part renoncer à produire ses 4 millions de barils par jour, arguant de la nécessité d’obtenir de biens précieux subsides pour financer sa guerre contre l’État islamique (Daesh).

Seule l’Arabie saoudite pourrait restreindre sa production pour contrebalancer l’arrivée sur les marchés de l’Iran. Si jusqu’à présent, sa stratégie était d’inonder le marché, pour défendre ses parts de marché face aux hydrocarbures de schiste américains, selon un rapport d’Energy Intelligence, Riyad serait prêt désormais à accepter une réduction de la production de l’Opep de 1 million de barils. A condition cependant que les autres membres affichent une plus grande discipline et que les pays pétroliers non membres du cartel, tels que la Russie, fassent également un geste.

Selon certains analystes, le fait que les membres de l’Opep n’aient pu s’entendre pose dorénavant la question cruciale de son rôle en tant que cartel.

Sources : AFP, RFI