Le cours du platine dopé par des grèves en Afrique du Sud

Des préavis de grève déposés lundi dernier chez les trois premiers producteurs mondiaux de platine (Amplats, Implats et Lonmin) en Afrique du Sud auront dopé le cours en début de semaine dernière. Les prix atteignant même lundi un plus haut depuis le 7 novembre 2013, à 1.473,25 dollars.

Débutée jeudi, la grève se poursuivait en fin de semaine, les négociations avec le syndicat Amcu ayant été ajournées. Elles devraient toutefois reprendre ce lundi et durer au moins trois jours, si l’on en croit le ministère du Travail sud-africain. Au total, près de 80.000 mineurs auraient stoppé le travail.

Les revendications syndicales sont avant tout salariales, Amcu réclamant un salaire de base de 12 500 rands sud africains (ZAR), soit 840 euros environ par mois, une somme équivalente à presque deux fois et demi le niveau actuel.

Une demande que la partie patronale juge « irréaliste », et ce d’autant plus que selon eux, ils emploient des dizaines de milliers de personnes peu qualifiées. Mais il s’agit d’un montant avant tout symbolique, puisque c’est la somme qu’avaient demandé les mineurs de Marikana dont 34 avaient été abattu par la police en août 2012.

Fait nouveau  : les revendications d’Amcu sont désormais teintées de nationalisme voire d’anti-colonialisme. Son président a ainsi longuement déploré que les cours du platine soient fixés en Europe. Plusieurs mineurs estimant pour leur part ne demander que ce qui leur revient, considérant que la terre était à eux, et qu’on leur avait volé.

Reste que selon les experts du secteur, des stocks de platine physique ont été élaborés un peu partout dans le monde. Le but : constituer des réserves qui pourraient faire tampon si la production sud-africaine chutait à nouveau, situation fort probable.

D’autant plus que le groupe Amplats, numéro 1 du secteur, envisagerait de fermer les mines dans lesquelles l’extraction est la plus couteuse, pour se concentrer sur celle où le platine est le moins cher à produire. En tout état de cause, le numéro un mondial du platine a d’ores et déjà indiqué perdre 100 millions de rands (6,5 millions d’euros) par jour de grève, au cours actuel du platine.

Rappelons enfin que des mouvements sociaux particulièrement violents survenus en 2012 et 2013 ont fortement pesé sur la croissance sud-africaine durant ces deux dernières années, pénalisant parallèlement les efforts de création d’emplois du gouvernement. À trois mois des élections, le gouvernement ne souhaite aucunement être confronté à un nouveau mouvement social.

Elément non négligeable : le secteur minier représente environ un tiers de la capitalisation de la Bourse de Johannesburg. Il assure 40% des exportations et constitue une source cruciale de devises pour le pays, employant un demi-million de personnes.

Les cours du platine se trouvaient toutefois « sous pression » vendredi, le marché anticipant une fin rapide des grèves. Au final, sur le London Platinum and Palladium Market, l’once de platine achevait la semaine à 1443 USD, contre 1447 USD en fin de semaine dernière.

Sources : AFP, RFI

Elisabeth STUDER – 26 janvier 2014 – www.leblogfinance.com


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