Le dialogue de sourds se poursuit sur la SNCF

Dans un courrier commun adressé à Elisabeth Borne, la CGT-Cheminots, l’UNSA-ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots reprochent au gouvernement de ne pas avoir « pris la juste mesure du mécontentement des cheminots », hérissés notamment par la fin programmée de leur statut et l’ouverture à la concurrence. « Il est nécessaire d’ouvrir de réelles négociations avec les cheminots et leurs organisations syndicales », écrivent ces dernières en réponse à une précédente lettre d’Elisabeth Borne, qui leur a été adressée la semaine dernière.

Sans faire de concessions sur le fond, la ministre y proposait un nouveau calendrier de discussions et évoquait des « négociations approfondies », plus seulement une « concertation », un infléchissement sémantique insuffisant pour les syndicats. « Le gouvernement fait le choix de n’ouvrir aucune négociation sérieuse », répliquent-ils dans leur lettre datée de mardi, dont Reuters a obtenu une copie, réitérant au passage leur menace d’un « conflit majeur ».

Les quatre organisations demandent que soient inscrits huit chapitres à l’ordre du jour, notamment la dette et le financement en général, le statut de l’entreprise, l’ouverture à la concurrence et les droits sociaux des employés. Les positions sont difficilement conciliables dans la mesure où les syndicats espèrent faire reculer l’exécutif sur le principe de l’ouverture à la concurrence et sur la suppression du statut des cheminots pour les futures recrues, deux mesures au coeur du projet gouvernemental.

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« La grève du 3 et du 4 n’est très probablement pas évitable »

« Il n’y a pas vraiment d’espoir de bouger, en tout cas à court terme », a déclaré à Reuters un négociateur de la CFDT-cheminots, Sébastien Mariani. « La grève du 3 et du 4 n’est très probablement pas évitable, sauf coup de théâtre. »

Interrogée par franceinfo sur la possibilité que la mobilisation soit annulée, Elisabeth Borne a répondu que « l’intérêt de la SNCF et des cheminots (était) qu’on avance dans la concertation », sans répondre directement à la question. La ministre des Transports a précisé lors de cette interview qu’elle présenterait vendredi un premier bilan des concertations, qui ont selon elle permis d’avancer « sur des sujets concrets ».

L’épreuve de force a débuté jeudi dernier, avec une manifestation qui a réuni entre 16.500 et 25.000 personnes dans le cortège des cheminots, à Paris. Elle doit se poursuivre avec une grève d’un genre inédit à la SNCF, à raison de deux jours par tranche de cinq jours, qui servira à jauger l’état des forces en présence.

Selon le nouvel agenda de discussions, les syndicats ont rendez-vous vendredi pour une réunion multilatérale, la dernière avant les deux premières journées de conflit.

(avec Reuters)

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