Le Maire regrette « la précipitation » sur le dossier Suez/Veolia

« Nous verrons bien » si ce projet aboutira ou non, « mais cela nous confirme simplement dans ce que j’ai plaidé depuis le début: il fallait prendre son temps. Je regrette la précipitation dans laquelle toute cette affaire a été menée. (…) Moyennant quoi, comme toujours (quand on se précipite), c’est bloqué », a déclaré M. Le Maire dans l’émission Dimanche en Politique sur France 3.

« Ce qui compte, c’est qu’il y ait un accord amiable » quel que soit le temps que cela prendra, « que nous gardions deux champions industriels parce que nous avons besoin de concurrence, et (…) que nous protégions l’emploi. Dans une période économique comme celle-là, la première responsabilité d’un chef d’entreprise, qu’il soit à la tête d’Engie, de Suez ou de Veolia, c’est de protéger l’emploi », a dit M. Le Maire.

Saisi par les instances représentatives des salariés de Suez pour n’avoir « pas été informées et consultées régulièrement sur ce projet », le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le 9 octobre en référé la « suspension de l’opération » d’acquisition par le géant de l’eau et des déchets Veolia de 29,9% de parts d’Engie dans son concurrent Suez. L’offre de Veolia à 3,4 milliards d’euros avait été acceptée le 5 octobre par le conseil d’administration d’Engie, contre la volonté de l’État, qui possède 23,6% d’Engie.

Union du gouvernement

« Nous sommes le premier actionnaire (d’Engie) mais nous ne sommes pas le seul actionnaire. Nous avons voté contre cette décision et si j’avais à revoter, je voterais la même chose. Car vous ne construisez rien de grand, rien de stable, rien de fort dans le domaine industriel si vous n’avez pas un accord amiable et une compréhension réciproque », a martelé M. Le Maire dimanche.

Et autant lui, que le Premier ministre Jean Castex et le président Emmanuel Macron sont sur la même ligne dans ce dossier, a-t-il assuré. « Je ne prends pas de décision de cette importance sans en référer au Premier ministre et au président de la République, bien entendu ». « Dès lors que cette opération n’était pas à l’amiable, nous avons dit non ». Il a balayé le questionnement de son prédécesseur Arnaud Montebourg – exprimé dans une lettre à Jean Castex et en interview – quant à un « scénario à la russe » dans cette affaire, avec « distribution de privilèges à une petite oligarchie »: « Montebourg n’est à pas une imprécation près », a taclé M. Le Maire.

Jeudi, le nouveau groupe écologiste du Sénat a demandé la mise en place d' »une commission d’enquête » concernant l’OPA que Veolia veut lancer sur Suez, en dénonçant une opération « opaque » aux conséquences potentiellement « désastreuses » sur le plan social, avec 4.000 emplois menacés par cette fusion en France et 10.000 dans le monde.

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