Le médiateur des entreprises tire la sonnette d’alarme

Auditionné dans le cadre d’une visioconférence par la délégation aux entreprises du Sénat, le 20 avril, Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises, a eu un message paradoxal sur l’accélération des difficultés. Oui, « les dossiers de médiation ont été multipliés par dix, passant de 60 dossiers par semaine [avant la crise du coronavirus] à 600/650 par semaine », nécessitant la mise en place d’un « Comité de crise » avec Bercy, la Banque de France et toutes les associations patronales (Afep, Medef, CPME…). Oui, « la situation s’est aggravée, j’ai pas mal décroché mon téléphone, a-t-il témoigné devant l’instance parlementaire. Les seuls incidents de paiement ont été multiplié par trois. » Oui, « si on joue le chaos, et le ‘chacun pour soi’, on va aller droit dans le mur ». Cette fois-ci, c’était sur les pénalités de retard que le médiateur était interrogé par un sénateur.

L’Etat accélère ses paiements

Mais, en même temps, toutes ces interventions semblent avoir été efficaces. La trentaine de coups de fil passés par le médiateur la semaine dernière ont provoqué « une réaction immédiate ou un changement de comportement » des entreprises mises en cause. Et d’ailleurs la puissance publique a veillé à mettre une case spécifique dans les contrats des prêts garantis par l’Etat précisant que l’entreprise bénéficiaire s’engageait à payer ses fournisseurs dans les délais normaux. De son côté, l’Etat a veillé à mettre en place « une accélération de ses paiements », et les retards mis en avant par les parlementaires doivent venir de « la désorganisation de petites collectivités locales, avance Pierre Pelouzet. Mais tout cela va rentrer dans l’ordre », promet-il.

Pénalité de retard supprimées pour les marchés publics

Enfin, sur les pénalités de retard prévues dans certains contrats, le médiateur a rappelé qu’elles ont été supprimées pour les marchés publics. « Et nous engageons les acteurs privés à faire de même pour ne pas enfoncer les entreprises qui pourraient avoir du mal à livrer dans ces circonstances exceptionnelles. »

Pierre Pelouzet n’est cependant pas dupe : « Nous avons 25 % de taux d’échec dans nos médiations. Mais cela veut dire aussi que nous avons 75 % de succès. », se réjouit-il, comme de la liste de ces grandes entreprises qui se sont engagées à raccourcir leurs délais de paiement, et qu’il a déjà « félicitées » : Bouygues Telecom, Danone, EDF, Enedis, Iliad (Free), Jouve, L’Oréal, Orange, Sodexo et Système U.

Un dernier rappel aux parlementaires avant la conclusion de son audition : « Dîtes bien aux entreprises qui vous sollicitent que nous les rappelons toujours… sous une semaine. »