Le PDG de Vivarte Patrick Puy au chevet du commerce en péril

C’est l’urgentiste qu’on appelle pour les cas désespérés. Et ces jours-ci, son téléphone n’a pas cessé de sonner. Nommé fin 2019 à la présidence du groupe de cosmétique en difficulté Alès (Lierac, Phyto), il a demandé son placement en redressement judiciaire. Et il s’apprête à faire de même avec la société de mode pour enfants Kidiliz (Z, Catimini, Absorba…), revendue par Roger Zannier au Chinois Semir en 2018, dont il vient d’être désigné PDG. C’est aussi lui qui organise la vente par appartement de Vivarte, jadis fleuron du textile français, dont l’enseigne La Halle doit être cédée, mercredi 8 juillet, sous l’égide du tribunal de commerce. La chaîne d’équipement de la personne bon marché avait déposé le bilan début juin. Un tiers de son réseau de boutiques pourrait ne pas trouver preneur.

Vivarte n’aura bientôt plus que deux marques

Il s’agit donc quasiment du clap de fin pour ce groupe qui ne possède plus que les chaînes Caroll et Minelli contre une vingtaine il y a 10 ans. Vivarte ne s’est jamais remis de sa boulimie d’acquisitions, à partir de 2005, alors que le marché de l’habillement commençait à décroître. Très endetté, après plusieurs LBO, ce conglomérat un peu fourre-tout n’a pas fait les investissements technologiques et logistiques nécessaires. « Il est resté très franco-français avec une multitude de marques quand les géants de la fast-fashion Zara et H&M débarquaient en France avec leur puissance de feu mondiale », explique Patrick Puy, le président de Vivarte depuis 2016. Comme Camaïeu, Celio et bien d’autres encore, ces enseignes souffrent aujourd’hui de la baisse régulière des achats textiles. Une fragilité structurelle que la pandémie du coronavirus a encore accentuée.

Catimini, Z et Absorba sont aussi en difficulté

Même le chausseur André, que Vivarte avait réussi à céder il y a deux ans, en versant 17 millions d’euros à Spartoo, est de nouveau au tapis. Quant à la chaîne de prêt-à-porter Naf Naf, rachetée 200 millions d’euros à la famille Pariente en 2007, elle a été revendue quatre fois moins en 2018 au Chinois La Chapelle, puis placée en redressement judiciaire au mois de mai. C’est un industriel franco-turc, le groupe Sy International, qui vient de l’acquérir à la barre du tribunal. La situation est aussi très compliquée pour le groupe Kidiliz dont Patrick Puy vient d’être nommé PDG. Avant même la crise du coronavirus, il semble que les performances économiques n’étaient pas celles promises au moment de la vente.

Alès Groupe bientôt en redressement judiciaire

Quant au fabricant de cosmétiques Alès Groupe, dont la cotation est suspendue depuis le 30 juin, il pourrait être redressement judiciaire jeudi 9 juillet. Patrick Puy, son président depuis décembre, en a fait la demande au tribunal de commerce. « Il y a eu des erreurs stratégiques commises comme la création de la marque low-cost Jowaé, qui a cannibalisé les ventes de Lierac et réduit ses marges », explique le dirigeant. L’an dernier, les pertes du groupe familial ont atteint 39 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 208 millions. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, L’Oréal avait proposé à son défunt créateur, Patrick Alès, de racheter l’entreprise pour près d’un milliard d’euros.

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