Le terrorisme transforme en requête les concessions de Londres sur la coopération sécuritaire

Alors que la capitale britannique a été frappée à plusieurs reprises par des actes terroristes, le gouvernement du Royaume-Uni a déclaré dimanche vouloir conclure avec l’Union européenne un nouveau traité de sécurité. Objectif affiché : permettre de poursuivre la coopération en matière de lutte contre le crime et le terrorisme après le Brexit.
Une manière également de laisser entendre que le choix des terroristes de frapper Londres est loin d‘être dénué de sens tant politiques qu’économiques.

« Un traité fournirait une base légale pour poursuivre la coopération policière, sécuritaire et pénale après notre sortie de l’UE », a ainsi expliqué le gouvernement britannique dans un communiqué. Selon l’exécutif, un traité permettrait d’éviter l’apparition de « lacunes opérationnelles » après le Brexit, dont la date d’entrée en vigueur est prévue pour mars 2019.

Le gouvernement britannique a par ailleurs ajouté qu’un document de travail sur le sujet serait publié lundi. Des prises de position sur la future relation douanière avec l’UE, la frontière nord-irlandaise ou encore la coopération en matière de défense ont d’ores et déjà affichées.
Le document devra notamment préciser la position du Royaume-Uni sur son maintien ou non dans Europol, l’agence qui soutient les pays de l’UE dans la lutte contre la grande criminalité internationale et le terrorisme.

« Une coopération internationale efficace est absolument cruciale tant pour le Royaume-Uni que l’Union européenne si nous voulons maintenir nos citoyens en sécurité et traduire les criminels devant la justice », a déclaré David Davis, le ministre chargé du Brexit, dans le communiqué.

Plaidant pour le maintien de la coopération actuelle de la collaboration avec l’UE sur les questions de sécurité qualifié d’ »approfondi » sur les questions de sécurité le ministre est allé encore plus loin, déclarant qu’il était dans l’intérêt mutuel des deux parties «  de trouver des moyens de l’améliorer ».

Pour rappel, la Première ministre britannique, Theresa May, doit prononcer son prochain grand discours sur le Brexit le 22 septembre à Florence en Italie, trois jours avant le début du quatrième round de négociations avec Bruxelles sur les termes de la séparation.

Au delà de la sécurité de ces citoyens, le Royaume-Uni pourrait au final s’inquiéter d’un éventuel transfert de sièges de grands groupes  – tels que Nestlé – et établissements financiers internationaux, redoutant l’impact des actes de terrorisme sur leurs finances et leurs employés. Transfert d’ores et déjà amorcé en réaction aux impacts du Brexit lui-même, que la crainte d’attaques ne peut que renforcer. Comme quoi le crime ne profite pas forcément à ceux que l’on croit …

En mars dernier, après le déclenchement de la procédure de Brexit, Theresa May, avait pourtant semblé mettre dans la balance les négociations commerciales à la poursuite de la coopération sécuritaire. Le sujet avait déclenché une vive polémique.

« Si nous quittons l’Union européenne sans un accord, par défaut nous serons soumis aux règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). En termes de sécurité, pas d’accord signifierait un affaiblissement de notre coopération dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme », avait alors averti Theresa May.

« Nous ne voudrons pas accepter de marchander la sécurité par rapport à des questions commerciales », avait   déclaré quant à lui le 17 mai, devant le Parlement européen, Michel Barnier, mandaté pour négocier avec Londres au nom de l’UE.

Après l’attentat de Manchester, déjà, certains experts du domaine indiquaient que le Royaume-Uni pourrait être moins enclin à menacer l’objectif d’une coopération en matière de sécurité, des aspects transfrontaliers apparaissant dans les premiers éléments de l’enquête. Quoiqu’il en soit, précisons que le partage de renseignements dans la lutte antiterroriste   ne se fait pas dans le cadre de l’UE.

Mais désormais l’heure ne semble plus aux concessions britanniques … mais bien plus à une requête de la part du Royaume-Uni. Le terrorisme – et ses mandataires  – en aura décidé ainsi.

Sources : AFP, Le Monde

Elisabeth Studer – 17 septembre 2017 – www.leblogfinance.com

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