Les 6 défis qui attendent la nouvelle patronne de la Fed

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1-Etre aussi populaire que ses prédécesseurs.

Ses deux prédécesseurs ont littéralement personnalisé la Banque centrale américaine. Alan Greenspan, d’abord. Nommé par Ronald Reagan en 1987, il est resté à la tête de la Réserve fédérale jusqu’au début 2006, traversant les présidences Bush père et fils, ainsi que celle de Clinton, a accompagné des années de croissance et s’est attiré le surnom de « Magic Greenspan ». Ben Bernanke, gouverneur de 2006 à 2013, ensuite, restera, lui, comme celui qui a amorti la crise, en faisant tourner la planche à billet.

2-S’imposer en tant que femme

Première femme à la tête de la Fed, Janet Yellen a, à priori, la carrure pour asseoir son autorité, dans ce monde très masculin, où elle évolue depuis plus de trente ans. Numéro deux de la Fed depuis trois ans, elle a bénéficié d’une incroyable curiosité médiatique depuis des mois. Elle est d’autant plus attendue au tournant qu’elle rejoint le club encore très fermé des femmes puissantes, comme Christine Lagarde ou Angela Merkel.

3-Désintoxiquer l’Amérique

 

La lourde tâche qui attend Janet Yellen est de désaccoutumer les Américains d’une drogue dont ils sont devenus accros : les achats mensuels massifs de titres, connus sous le nom de QE, quantative easing. Depuis le début de la crise, le bilan de la Fed a littéralement explosé, passant en six années de 1.500 à plus de 3.500 milliards de dollars. La nouvelle patronne devra donc amorcer en douceur la réduction de la liquidité. Une fermeture de robinet, appelée « tapering », que les marchés appréhendent, tout comme l’économie, que cette mise sous perfusion a aidé à redémarrer.

4-Trouver le bon équilibre macro-économique pour l’Oncle Sam

A Janet Yellen de trouver le bon dosage. Non seulement, il lui faut mettre fin au fameux QE, mais aussi préserver l’équilibre entre maintien de l’emploi, stabilité des prix et niveau des taux à long terme. Un jeu subtil, où toute fausse manœuvre peut mettre à mal la reprise de l’économie. Les enjeux sont titanesques. Et pas qu’aux Etats-Unis! Le FMI a calculé qu’une augmentation de 1% des taux longs ferait perdre près de 2 300 milliards de dollars aux portefeuilles obligataires détenus sur la planète

5- Moderniser les outils de la Reserve fédérale

Aux Etats-Unis, les spécialistes enjoignent Yellen à repenser la politique de communication de la maison, pour la rendre plus transparente et lisible. Ils l’appellent aussi à appuyer sa politique sur de nouveaux indicateurs. Par exemple le taux d’emploi plutôt que le taux de chômage. Par ailleurs, les lobbys patronaux sont de plus en plus nombreux à militer pour que l’auguste maison réfléchisse aux moyens de soutenir la bonne santé des PME américaines, en leur facilitant l’accès au crédit.

6-Renforcer le rôle de régulateur de la Fed

Avec la crise, le rôle de vigie que doit jouer la banque centrale apparaît évidemment plus nécessaire que jamais. Malgré les résistances, des mesures ont été prises, mais beaucoup reste à faire pour la mise en place de la loi Dodd-Frank, estime David Stockton expert au think tank de Washington Peterson Institute for international Economics. « Pour ce faire, Yellen n’a pas besoin de faire du micro-management, dit-il, mais, comme tout bon manager, elle doit s’assurer que son équipe comprend les enjeux et est prête à exécuter la vision stratégique de leur patronne ». C’est notamment comme cela que la banquière pourra montrer l’étendue de son influence.


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