Les jeunes diplômés français n’échappent pas à la galère

La recherche d’emploi ressemble de plus en plus à un parcours du combattant. Pas moins de 27 CV sont nécessaires en moyenne pour décrocher un premier emploi en 2013, contre 16 en 2012, d’après le 3ème baromètre Deloitte sur l’humeur des jeunes diplômés rendu public ce jeudi 30 janvier. Pour 9% des diplômés en poste depuis moins de trois ans, il a même fallu envoyer plus de 50 curriculum vitae aux recruteurs. Courage et détermination sont donc les maîtres-mots pour ceux fraîchement débarqués des bancs de l’école…

La patience pourrait être ajoutée à la liste des qualités requises du jeune chômeur en 2014. En effet, la durée de la recherche d’emploi ne cesse de s’allonger. Pour ceux en poste depuis moins de 3 ans, il a fallu 11 semaines en moyenne pour être embauché en 2013, contre 10 en 2012.  Mais c’est surtout pour les jeunes diplômés encore en recherche d’emploi que la crise se fait le plus ressentir. Plus d’un quart des personnes interrogées sont dans l’attente d’un premier emploi depuis plus de 5 mois. « Cela illustre bien les tensions qui existent actuellement sur le marché du travail pour les jeunes diplômés », s’inquiète Jean-Marc Mickeler, associé et directeur des ressources humaines chez Deloitte France.

L’intérêt du diplôme amoindri sous l’effet de la crise

Pour parer à cette situation précaire, le prestige du diplôme reste l’une des meilleures armes, comme le montre encore une fois l’étude Deloitte. 76% des diplômés des grandes écoles depuis moins de 3 ans sont ainsi en emploi, contre 51% de l’ensemble du panel (IUT, BTS, Licence, Master universitaire, doctorat). « Ils ont plus d’expérience professionnelle et donc ils s’insèrent plus facilement sur le marché du travail », analyse Jean-Marc Mickeler.

Mais il est loin le temps où les diplômés pouvaient espérer négocier leur salaire et faire jouer la concurrence entre plusieurs propositions d’emplois. Désormais, et les étudiants en ont bien conscience, le diplôme permet tout juste « de trouver plus facilement un emploi ». 37% estiment que c’est l’intérêt premier du diplôme, quand seulement 28% pensent qu’il permet d’abord « de choisir son emploi » et 22% qu’il permet « de trouver un emploi bien rémunéré ». 13% ne voient même aucune utilité à leur diplôme…

Un job de plus en plus alimentaire

Face à cette situation compliquée, difficile de garder le moral. 13% des jeunes diplômés en recherche d’emploi expliquent ainsi « ne plus y croire » et 8% « manque de motivation et de détermination ». Et pour cause: ils sont 56% à ne trouver aucune annonce qui correspond à leur profil et à laquelle ils pourraient postuler. Et lorsqu’ils envoient des CV, 48% d’entre eux racontent avoir du mal à obtenir des réponses de la part des recruteurs. De fait, les jeunes diplômés sont en pleine désillusion: 57% de ceux qui recherchent un emploi estiment qu’ils ne trouveront pas dans les 6 prochains mois.

La désillusion touche également ceux qui ont réussi à décrocher un premier emploi. Le rêve de faire un métier plaisant et qui correspond à ses valeurs, se brise face à la réalité du marché du travail. 63% des jeunes diplômés embauchés depuis moins de 3 ans estiment qu’un emploi est « un moyen de gagner sa vie », contre 24% « une source d’épanouissement personnel ». « Ceux qui ont réussi à être en poste s’estiment chanceux et donc sont assez indulgent », soutient Jean-Marc Mickeler. Ils ont également renoncé à changer d’entreprise. Alors que 38% étaient prêts à quitter leur poste en janvier 2012, ils n’étaient plus que 27% en janvier 2014.

Partir: le nouvel eldorado

Partir à l’étranger apparaît de plus en plus comme l’eldorado pour quitter cette morosité ambiante. 8% de ceux qui sont embauchés depuis moins de 3 ans ont envie de partir à l’étranger (12% chez les diplômés des grandes écoles). Ce taux grimpe à 27% chez les jeunes diplômés au chômage. Parmi les destinations prisées, on retrouve le Canada (37% des personnes interrogés répondent spontanément ce pays comme destination d’expatriation), les Etats-Unis (32%) et le Royaume-Uni (26%). Loin derrière, les BRICS: la Chine (5%), l’Inde (3%), Brésil (3%). Pour 28% des jeunes diplômés en recherche d’emploi, cette expatriation pourrait être définitive. 


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