Liberia : accords pétroliers avec les majors au coeur du débat

liberia-oil_curse-cure-malediction-petrole.JPGLe secteur pétrolier en Libéria en pleine mouvance.

Alors que le Parlement libérien a voté mercredi une motion en faveur d’une re-négociation des contrats de partage de production avec les compagnies pétrolières étrangères, le gouvernement estime qu’il ne s’agit pas de la meilleure solution.

L’objet du débat : la violation de l’actuelle législation pétrolière en vigueur dans le pays par les majors internationales.

Et les éventuels pots de vin et dessous de table associés ? ….

«  Il s’agit d’une requête du Parlement et non pas du gouvernement. Nous allons devoir expliquer aux parlementaires que la renégociation n’est pas la bonne solution », a ainsi déclaré M. Brown, le ministre libérien de l’Information. Tout en admettant toutefois admis que des amendements étaient nécessaires. 

liberai-anardarko-chevron-oilnext.jpg

 Rappelons qu’à l’heure actuelle la législation libérienne réserve une part de 20% de la production à la Compagnie nationale de pétrole libérienne (Nacol), 10% des volumes produits par ailleurs étant destinés à la vente aux Libériens à des prix accessibles.
Mais selon un communiqué du Parlement publié après un débat sur ce sujet « tous les contrats pour le partage de la production pétrolière qui existent actuellement violent (…) la loi sur le pétrole« . 
« Nous voulons renégocier les dix contrats (conclus entre le gouvernement   et les compagnies pétrolières) pour nous assurer que les intérêts de notre pays sont saufs« , a ajouté le Parlement.

Si quelque s heures après le vote, M. Brown avait affirmé que la renégociation ne posait pas de problème, il a par la suite retourner sa veste, très certainement « aidé » en cela par d’éventuelles pressions des majors pétrolières  à ce sujet. 

Le ministre libérien de l’Information avait ainsi déclaré à la presse dans un premier temps que la renégociation devait être « expliquée aux compagnies avec lesquelles nous les avons signés   », ajoutant que « cela demand(ait) du temps« .

« Nous allons courir le risque d’être poursuivis en justice à jamais dans le monde entier pour avoir failli à nos obligations contractuelles », a au final souligné vendredi le ministre. 

Relayant peut-être des menaces  qui lui auraient d’ores et déjà été proférées …

Selon M. Brown, la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf est toutefois d’accord pour que des amendements soient apportés aux contrats pour les rendre uniformes.

Le pays situé aux confins du Golfe de Guinée fonde beaucoup d’espoirs sur l’exploration pétrolière. A noter que des compagnies américaines, Anadarko et le géant pétrolier Chevron, ont commencé en 2011 à faire des forages de prospection le long de la côte. 
Précisons également qu’en septembre 2009, un article de Forbes relayait une information d’Associated Press laissant entendre que les partenaires de Chevron au sein des champs pétroliers offshore au Libéria étaient liés à une affaire de dessous de tables payés à la législature Libérienne, Chevron affirmant alors quant à lui qu’il était évident qu’il ignorait tout existence de corruption lors de sa prise de participation au projet. 
 Selon un rapport de l’organisation de contrôle Global Witness, tant la compagnie  pétrolière Oranto que NOCAL auraient versé plus de 120 000 dollars aux membres de la législature Libérienne en vue de faciliter l’approbation de contrats pétroliers. 
 Hasard de calendrier  ? Le dossier s’affiche sur le devant de la scène, alors que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a recommandé une réduction progressive de l’opération de maintien de la paix au Liberia  à hauteur de 4 200 soldats en trois phases entre 2012 et 2015, en vue d’atteindre quelque 3750 soldats à terme.


« Alors que le Libéria  ne fait plus face à toute menace militaire, le pays reste confronté à des défis importants en raison de sa capacité limitée pour garantir sa sécurité nationale »
, et à des autres facteurs potentiellement déstabilisateurs, a indiqué le secrétaire général dans son dernier rapport au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Mission de l’ONU au Libéria (MINUL). 

M. Ban a également recommandé que les forces de police de la MINUL maintiennent leurs effectifs actuels de 498 conseillers et 845 officiers dans sept unités de police, et qu’elles soient autorisées à ajouter trois unités formées au besoin au cours des trois prochaines années.

A l’heure actuelle, la MINUL compte un total de 9 195 personnel en uniforme, composé de 1 279 policiers, et de 845 officiers servant dans des unités de police formées.

La MINUL a été mise en place par le Conseil de sécurité de l’ONU. Composée de 15 pays, elle a été mise en place via une résolution adoptée le 19 septembre 2003. Objectifs affichés : soutenir la mise en œuvre de l’accord du cessez-le-feu et le processus de paix au Liberia, protéger le personnel de l’ONU, les installations et les civils, et aider à la réforme de la sécurité nationale, à la formation de la police nationale et à la formation d’une nouvelle armée restructurée.

Certains pourraient être tentés d’affirmer qu’encore une fois la stratégie des Etats-Unis pourrait être celle de la « stratégie du chaos » pour mieux contrôler à terme les ressources énergétiques d’un pays. Le scénario semble tout de même avoir été bien rodé, en Irak notamment.

Sources : AFP, Forbes, presse africaine, Associated Press 

Le Blog Finance