Libye : le gouvernement d’union nationale accuse la France de violation du territoire après la mort de militaires français dans un crash

Vers un conflit ouvert France/Libye ? Le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) vient en effet d’accuser Paris de violation du territoire. Des accusations qui interviennent alors que mercredi 20 juillet, le ministère de la défense français a annoncé que trois militaires avaient été tués en « service commandé » en Libye.

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait alors salué « le courage et le dévouement de ces militaires engagés au service de la France, qui accomplissent, tous les jours, des missions dangereuses contre le terrorisme ».

« La présence française est une violation du territoire libyen », a ainsi déclaré le GNA dans un message sur son compte Facebook, estimant que rien ne justifie une intervention sans qu’il en soit informé. Il a par ailleurs fait part de son mécontentement suite à l’annonce du gouvernement français concernant la présence française dans l’est de la Libye.

« Tout en se félicitant de toute aide ou assistance offerte par les pays amis dans la guerre contre Daesh, tant qu’elle intervient dans le cadre d’une demande adressée au GNA et en coordination avec le GNA, rien ne justifie une intervention sans que nous en soyons informés et sans coordination avec nous » a-t-il par ailleurs martelé.

Les trois sous-officiers, membres du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) sont morts dans un « accident d’hélicoptère » en Libye, a déclaré pour sa part mercredi matin François Hollande. Ajoutant que la France menait  « des opérations périlleuses de renseignement » et confirmant ainsi pour la première fois la présence de soldats français en Libye, pays qui, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, est livré aux milices armées et fait l’objet de luttes de pouvoir sous fond de montée en puissance du groupe Etat islamique (EI), d’immigration …. et de fortes odeurs de pétrole. 

Selon l’agence de presse Associated Press, qui cite des responsables libyens, des militaires auraient été tués dimanche près de Benghazi, quand une milice islamiste – se faisant appeler « brigade de défense de Benghazi » – a annoncé avoir abattu l’hélicoptère dans lequel les militaires se trouvaient.

La Chambre des opérations pour la libération d’Ajdabya, un groupe armé lié à la Brigade de défense de Benghazi, avait affirmé, dès dimanche, avoir abattu l’appareil, en évoquant la présence à bord de deux Français, un Jordanien et un Libyen.
L’appareil filmé appartient aux forces du général Khalifa Haftar, les seules à en disposer dans ce secteur. Ce que confirment une source française et un officier proche du général Haftar joints par Le Monde. Si la première source évoque un crash, très vraisemblablement dû à « un tir de missile sol-air SA-7 », la seconde assure que l’hélicoptère a eu une panne technique.

En fin de matinée, François Hollande avait fourni quelques éléments sur le décès de ces cadres de la DGSE dans un « accident d’hélicoptère », démentant ainsi la milice libyenne Benghazi Defense Brigades. Celle-ci prétendait dans un communiqué avoir abattu avec un missile Sa-7 l’hélicoptère d’assaut Mi-35 de fabrication russe appartenant à l’armée libyenne.

En tout état de cause, ce crash confirmait ni plus ni moins la coopération militaire occidentale avec les forces dirigées par Khalifa Haftar, à la tête d’une coalition anti-islamiste qui s’oppose aux milices dans l’est du pays ainsi qu’au gouvernement d’union nationale, installé à Tripoli.

Bien qu’officiellement la communauté internationale ne reconnaît que le gouvernement d’union nationale,« depuis environ six mois, des soldats français sont sur place pour fournir du renseignement de proximité aux forces du général Haftar. L’objectif est de comprendre ce qui se passe sur le terrain et de réduire l’Etat islamique et ses alliés à Benghazi et Derna. Ils sont au plus près du théâtre des opérations, mais ils ne participent pas aux combats », précise-t-on également de source française.

« La Libye connaît également une instabilité dangereuse. C’est à quelques centaines de kilomètres seulement des côtes européennes » argumentait quant à lui mercredi le chef de l’Etat depuis le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier (Dordogne).

Des centaines de personnes ont également manifesté mercredi dans plusieurs villes de Libye  en vue de protester contre la présence militaire française, après l’annonce par Paris de la mort des trois militaires français. Des rassemblements ont notamment été organisés dans la capitale Tripoli mais aussi à Misrata. Des centaines de personnes se sont réunies sur la place des Martyrs, à Tripoli, brandissant des pancartes contre la France. Certains ont également brûlé des drapeaux français et d’autres ont scandé des slogans hostiles à Paris et au gouvernement d’union nationale installé dans la capitale et soutenu par l’ONU et les grandes puissances occidentales.

Sources : AFP, Le Monde, Associated Press

Elisabeth Studer – 20 juillet 2016 – www.leblogfinance.com 

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