Lyft : le rival d'Uber réussit son entrée en Bourse

L’américain Lyft, rival numéro un d’Uber aux Etats-Unis, a fait ses premiers pas sur les marchés boursiers vendredi, ouvrant ainsi le bal de plusieurs entrées en Bourse très attendues de firmes technologiques cette année.

La plateforme de réservation de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), connue pour son logo rose bonbon, a fini la séance à 78,29 dollars, soit 8,74% au-dessus de son prix d’introduction de 72 dollars.

Cela lui confère une valorisation boursière de 26,4 milliards de dollars. Dans les premiers échanges sur le Nasdaq, le titre s’est envolé de plus de 20% à plus de 87 dollars, témoignant de l’engouement des investisseurs qui attendaient avec impatience la cotation de cette figure de la « tech » et l’une des « licornes » (surnom donné aux start-up non cotées et valorisées au-delà d’un milliard de dollars) les plus en vue. Mais l’euphorie est ensuite retombée en cours de séance.

L’entreprise créée en 2012 à San Francisco a grillé la politesse à Uber, lui aussi originaire de la ville californienne et leader mondial du secteur des VTC, qui devrait débuter sa cotation boursière dans les prochaines semaines.

>> A lire aussi L’étonnante stratégie d’Uber avant son entrée en Bourse

Si Lyft est peu connu en dehors des Etats-Unis, il est le principal concurrent d’Uber dans le pays. Selon le cabinet d’analyses Second Measure, Uber détenait un peu plus du 67% du marché contre un peu plus de 30% pour Lyft en février. Les deux firmes –Lyft et son logo rose, Uber et son logo noir– se partagent d’ailleurs à elles deux le marché à San Francisco et se livrent une concurrence féroce.

L’arrivée d’Uber est extrêmement attendue et son introduction en Bourse (IPO) s’annonce énorme, certains analystes pariant sur une valorisation dépassant allègrement les 100 milliards de dollars, ce qui en ferait l’une des plus grandes mises en orbite boursières de de l’Histoire. L’introduction de Lyft et Uber sur les marchés, qui devraient notamment être rejointes cette année par l’application de location saisonnière Airbnb, marquent aussi l’entrée « dans la cour des grands » des entreprises relevant de l’économie du partage, née au tournant des années 2010 et qui a révolutionné plusieurs secteurs d’activité dans le monde entier.

Le secteur des VTC en particulier attire énormément les investisseurs, qui misent sur les changements d’habitude des consommateurs, de plus en plus enclins à abandonner la voiture personnelle au profit de modes de déplacement partagés. De plus, Lyft et Uber ont su montrer qu’elles croissaient très rapidement: cela reste le facteur-clé pour les investisseurs, en particulier dans la Silicon Valley. Ces investisseurs parient aussi sur la voiture autonome, vue comme l’avenir de l’automobile et sur laquelle travaillent Lyft et Uber. Il est en effet fort probable que ce soit via les flottes de VTC que la conduite autonome commence à entrer dans le quotidien.

Risques

Les VTC « ont changé nos vies, en rendant nos déplacements plus faciles et moins chers », relève dans une note récente le fonds d’investissement Loup Ventures. Lyft comme Uber deviennent aussi peu à peu des plateformes de transport, comprenant également des trottinettes ou des vélos électriques en libre service.

Pour autant, Lyft et Uber ont un autre point commun: ils perdent beaucoup d’argent et leur modèle économique n’est pas sans risque. En officialisant son projet d’entrée en Bourse plus tôt ce mois-ci, Lyft avait dévoilé des pertes de 911 millions de dollars en 2018 pour un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars. Analyste chez Wedbush Securities, Daniel Ives relève que la firme doit relever de gros défis: la concurrence d’Uber, le manque de rentabilité, les incertitudes réglementaires (par rapport aux taxis traditionnels ou aux revendications des chauffeurs en termes de droit du travail par exemple)…

Quant à la voiture autonome, Lyft reste derrière Waymo (Alphabet/Google), considérée comme la plus avancée. Parmi les IPO très attendues cette année figurent d’autres noms connus de la Silicon Valley, comme Pinterest (partage de photos par centres d’intérêt) ou Slack (messagerie d’entreprise…).

(Source : AFP)

Challenges en temps réel : Entreprise