Marché: La chronologie de la guerre commerciale impulsée par les Etats-Unis

Donald Trump a lancé une guerre commerciale à l'échelle planétraireDonald Trump a lancé une guerre commerciale à l'échelle planétraire

(Tradingsat.com) – Estimant que les Etats-Unis étaient perdants en matière d’échanges commerciaux, le président américain Donald Trump a lancé une série de mesures pour taxer les importations dans son pays, en particulier celles en provenance de Chine. Retour sur les dates cruciales qui ont mené à une guerre commerciale dont on ne sait pas très bien où elle va s’arrêter.

1er mars 2018 : Les premières menaces sur Twitter

Comme souvent avec Donald Trump, tout commence par un tweet. Ce 1er mars, le président américain annonce qu’il va imposer des droits de douanes aux Etats-Unis sur l’aluminium et l’acier qui sont importés dans son pays. « Lorsqu’un pays (les Etats-Unis), perd des milliards de dollars dans ses relations commerciales avec pratiquement tous les pays partenaires, les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner « , dénonce-t-il sur Twitter.

8 mars: Les taxes américaines sur l’acier et l’aluminium sont relevées

Le président américain Donald Trump signe le décret qui permet d’imposer des droits de douane de 25% sur les importations américaines d’acier et de 10% sur celles d’aluminium, au nom de la sécurité nationale. Il exempte provisoirement le Canada et le Mexique, ses partenaires dans l’accord de libre-échange nord-américain Aléna puis d’autres pays dont ceux de l’Union européenne. Mais pas la Chine.

22 mars: Trump menace Pékin d’une 2e salve

Donald Trump signe « un memorandum ciblant l’agression économique de la Chine ». L’administration Trump annonce que les États-Unis vont imposer de nouvelles taxes. Cette fois-ci, elles concernent quelque 60 milliards d’importations chinoises. Le président américain justifie cette nouvelle salve comme un moyen de répliquer au « vol de propriété intellectuelle » dont seraient victimes les entreprises américaines. Le président donne 15 jours à son représentant au commerce (USTR) Robert Lighthizer pour dresser une liste de produits à surtaxer.

23 mars: Pékin menace et contre-attaque

En réplique aux taxes sur l’acier et l’aluminium, Pékin dévoile une liste de 128 produits qui, potentiellement, pourraient se voir appliquer des droits des douanes de 15% à 25% en cas d’échec des négociations engagées avec Washington. Parmi eux, des fruits frais, la viande de porc et l’aluminium recyclé. Les produits américains visés représentaient trois milliards de dollars d’exportations vers la Chine en 2017.

26 mars: La Chine amplifie ses menaces

Les autorités chinoises exhortent les États-Unis à cesser leur « intimidation économique » et menacent une nouvelle fois de prendre des mesures de rétorsion.

2 avril: Les contre-mesures chinoises entrent en vigueur

La Chine met sa menace du 23 mars à exécution. Elle déclenche des mesures punitives contre 128 produits américains en réponse aux droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium. Les fruits, le porc et le vin californien sont notamment dans le collimateur des autorités chinoises. Cela représente un volume d’importations en provenance des Etats-Unis de 3 milliards de dollars.

3 avril: Les États-Unis lancent une deuxième salve

Pour faire suite à la demande présidentielle du 22 mars, Robert Lighthizer publie une liste provisoire de produits importés susceptibles d’être soumis à de nouveaux droits de douane en représailles « au transfert forcé de technologie américaine et de propriété intellectuelle ». Cette liste, qui vise des importations représentant « approximativement 50 milliards de dollars », cible des produits de différents secteurs dont l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication ou encore la robotique et les machines.

Le 4 avril: Pékin réplique et tape plus fort

Quelques heures après la publication de la liste provisoire, Pékin réplique avec sa propre liste visant des importations du même montant annuel: 50 milliards de dollars. La Chine sort l’artillerie lourde en visant cette fois 106 familles de produits plus stratégiques dont le soja, l’automobile et l’aéronautique, qui pèsent lourd dans la balance.

Donald Trump assure lui: « Nous ne sommes pas dans une guerre commerciale avec la Chine, cette guerre a été perdue il y a de nombreuses années par des personnes stupides ou incompétentes, des personnes représentant les États-Unis ». Le président américain met en avant le déficit commercial des échanges de biens avec Pékin (375,2 milliards en 2017). « Avec le vol de la propriété intellectuelle, ce sont 300 milliards de dollars supplémentaires. Cela ne peut plus durer! », lance-t-il dans un tweet.

31 mai : Les Etats-Unis ciblent aussi le Canada, le Mexique et l’UE

L’exemption provisoire dont bénéficiaient le Canada, le Mexique et l’Union européenne pour les nouveaux tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier n’est pas prolongée. Les importations en provenance de ces pays sont désormais soumises à des tarifs douaniers de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium. Le Canada annonce qu’il imposera en représailles des surtaxes sur des produits américains qui entreront en vigueur le 1er juillet. Bruxelles déclare que l’UE est prête à taxer en retour des produits en provenance des Etats-Unis.

D’autres pays comme le Brésil, l’Argentine, l’Australie et la Corée du Sud ne sont pas touchés car ils ont accepté de réduire leurs exportations d’acier et d’aluminium à destination des Etats-Unis.

1er juin: Le Canada et l’UE portent plainte devant l’OMC

Le Canada et l’UE portent plainte contre les Etats-Unis devant l’OMC. Le Mexique fera de même le 4 juin.

22 juin: L’UE s’attaque aux jeans et aux Harley-Davidson

La réplique commerciale de l’Union européenne entre en vigueur. Les droits de douanes sont relevés de 25% sur certains produits américains comme le bourbon, les jeans, le tabac ou le beurre de cacahuète. Pour les motos Harley-Davidson, les droits de douane passent ainsi par exemple de 6% à 31%. Ces mesures portent sur 2,8 milliards d’euros d’importations américaines vers le Vieux continent. Mais l’UE se réserve le droit de surtaxer 3,6 milliards d’importations supplémentaires dans les trois ans. L’Europe estime en effet que les mesures américaines portent au total sur 6,4 milliards d’euros d’exportations européennes d’acier et d’aluminium vers les Etats-Unis.

1er juillet: La réplique des Canadiens entre en vigueur

Les représailles commerciales du Canada entrent en vigueur. Le Canada impose à son tour à son voisin américain des tarifs douaniers de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium, ainsi que des tarifs de 10% sur près de 200 autres produits. Ces mesures portent sur des importations d’un montant de 16,6 milliards de dollars américains (soit 12,6 milliards de dollars américains).

6 juillet : Washington lance la guerre commerciale

De nouveaux tarifs douaniers américains de 25%, officiellement entrés en vigueur à minuit heure de Washington, affectent 818 produits chinois (dont des automobiles, des disques durs ou des composants d’avions). C’est ainsi près de 34 milliards d’importations chinoises qui sont visées, sur les 50 milliards annoncés initialement. Cependant, un second lot de taxes sur 16 milliards d’importations entrera prochainement en vigueur, a rappelé Donald Trump, évoquant un délai de « deux semaines ».

Au total, ce sont donc bien 50 milliards de dollars d’importations chinoises annuelles qui seront donc affectées par les mesures américaines.

6 juillet : Pékin riposte et saisit l’OMC

Pékin, qui accuse l’administration Trump d’avoir lancé « la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique », saisit l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester l’entrée en vigueur de droits de douane américains de 25% sur 34 milliards d’importations chinoises.

Il ne s’agit pas d’une nouvelle plainte mais d’un additif à celle qui avait été déposée par le géant asiatique pour contester l’imposition, en mars dernier, des taxes punitives de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium.

Les Etats-Unis ne devraient pas en rester là puisque Donald Trump pourrait porter à 450 milliards la valeur des produits chinois taxés, soit la grande majorité des importations venues du géant asiatique (505,6 milliards de dollars en 2017).

6 juillet: la Russie contre-attaque à son tour

La Russie introduit des surtaxes sur une série de produits américains en réponse aux barrières douanières imposées par les Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium. « Les mesures de compensation sont prises sous la forme de taxes douanières supplémentaires à l’importation d’un niveau allant de 25 à 40% du prix de la marchandise », a indiqué dans un communiqué le ministre russe de l’Economie Maxime Orechkine.

Formalisées par un décret signé par le Premier ministre Dmitri Medvedev, ces mesures devraient rapporter 87,6 millions de dollars aux entreprises russes, ne compensant que très partiellement le préjudice de 537,6 millions de dollars lié aux mesures américaines, selon le ministre.

Les produit américains concernés sont ceux « dont un analogue est produit en Russie », a précisé le ministère. Il s’agit notamment de technologies liées à la construction des routes, d’équipements pour l’industrie des hydrocarbures, d’instruments pour le traitement des métaux et le forage des roches, ainsi que la fibre optique.

10 juillet: La nouvelle liste à 200 milliards de Trump

Les Etats-Unis tirent une nouvelle salve dans la guerre commerciale avec la Chine en dressant une liste supplémentaire de produits chinois importés d’un montant de 200 milliards de dollars par an qu’ils menacent de taxer à 10% dès septembre.

La Chine ne tarde pas à réagir, avertissant qu’elle serait forcée de prendre des représailles en cas de nouveaux droits de douane américains. Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce a jugé « totalement inacceptables » les nouvelles menaces de Washington et dénoncé tout à la fois le « comportement irrationnel » des Etats-Unis ainsi que « l’hégémonisme commercial ».

19 juillet : L’UE prépare sa riposte en cas de taxes sur ses voitures

L’Union européenne prépare une liste de produits américains qu’elle pourrait taxer en cas de droits de douane punitifs sur ses automobiles, affirme la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström. « Nous préparons ensemble avec les Etats membres une liste de contre-mesures (…) toujours en préparation, mais faite de la même manière qu’avec l’acier ou l’aluminium« , a précisé Mme Malmström, estimant que d’éventuelles taxes de Washington sur les voitures de l’UE constitueraient « un désastre ».

20 juillet : Trump accuse la Chine et l’Europe de manipuler leur monnaie

Donald Trump accuse l’Union européenne et la Chine de manipuler leurs monnaies. « La Chine, l’Union européenne et les autres manipulent leurs monnaies en baissant leurs taux d’intérêt, alors que les Etats-Unis augmentent leurs taux avec un dollar devenant de plus en plus fort tous les jours, ce qui dégrade notre compétitivité », a-t-il déclaré dans un tweet. « Comme d’habitude, ce n’est pas juste », a-t-il ajouté. Le président américain a estimé que « les Etats-Unis ne devraient pas être pénalisés parce qu’ils vont très bien ».

(Avec AFP)

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