Marchés américains : POINT HEBDO-Les marchés s'offrent une trêve mais restent sous tension

(Répétition sans changement d’une dépêche transmise vendredi)

par Marc Angrand

PARIS, 17 septembre (Reuters) – Se faire peur pour commémorer le dixième anniversaire de la chute de Lehman Brothers, drôle d’idée. Les nerfs des investisseurs ont pourtant été mis à rude épreuve ces derniers jours, et sur la quasi-totalité des dossiers chauds du moment.

La guerre commerciale ? Alors que les investisseurs se préparaient à voir l’administration Trump étendre ses mesures protectionnistes à 200 milliards de dollars de produits importés de Chine, Washington a surpris en proposant à la Chine un nouveau cycle de négociations commerciales.

Bien sûr, rien ne dit que les discussions auront lieu, encore moins qu’un compromis sera trouvé. Mais la perspective de pourparlers a permis aux secteurs les plus sensibles à la montée des barrières douanières (automobile, hautes technologies, matières premières) de retrouver des couleurs en Bourse.

Et si les marchés chinois restent prudents, l’indice Stoxx 600 européen et le Standard & Poor’s 500 américain s’acheminaient vendredi vers des hausses hebdomadaires de plus de 1%, leur meilleure performance depuis juillet.

Le risque politique italien ? Le gouvernement de coalition en place à Rome semble vouloir éviter la confrontation brutale avec Bruxelles sur le budget et l’on a même vu le Mouvement 5 Etoiles, auto-proclamé « antisystème », s’efforcer de rassurer les marchés en démentant vouloir réclamer le départ du ministre de l’Economie, Giovanni Tria.

Résultat: le reflux des rendements de la dette italienne observé depuis la fin août n’a pas été remis en cause et la Bourse de Milan apprécie, valeurs bancaires en tête.

DES PROGRÈS SUR LE BREXIT À SALZBOURG ?

Les turbulences sur les marchés émergents ? Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a eu beau réaffirmer haut et fort son opposition à la hausse des taux, il n’a pas empêché la banque centrale de relever fortement son principal taux directeur pour tenter de juguler une inflation à deux chiffres et la chute de la livre.

Cette dernière est ainsi revenue vendredi à son meilleur niveau face au dollar depuis près de trois semaines. Et la banque centrale russe a surpris en relevant elle aussi son principal taux vendredi.

Le Brexit dans l’impasse ? Ce n’est plus si sûr. Le négociateur en chef de l’Union européenne, Michel Barnier, s’est rarement montré aussi optimiste sur l’issue des discussions depuis le début de sa mission quasi impossible il y a deux ans, permettant à la livre sterling d’enregistrer sa plus forte hausse hebdomadaire face au dollar depuis février.

Et il n’est plus inimaginable désormais que le sommet informel de l’Union convoqué jeudi à Salzbourg, ville natale de Mozart, permette aux deux parties d’accorder leurs violons.

L’actualité géopolitique continuera donc de dominer l’agenda des marchés au cours de la semaine à venir, en attendant la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, les 25 et 26 septembre, qui ramènera les politiques monétaires sur le devant de la scène.

La Banque du Japon se réunit mardi et mercredi mais elle ne devrait apporter aucune modification à sa politique monétaire.

En Europe, l’indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, mardi, et les PMI flash, vendredi, permettront d’en savoir plus quant à l’impact des tensions commerciales sur le moral des chefs d’entreprise.

INTERROGATIONS SUR L’INFLATION ET LES VALORISATIONS

A surveiller aussi, les chiffres définitifs de l’inflation en zone euro en août, lundi, après les déclarations de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), selon lesquelles la hausse des prix pourrait de nouveau s’accélérer en fin d’année, ce qui n’a pas convaincu tous les observateurs.

« Nous craignons que la BCE ne soit un peu trop optimiste en ce qui concerne l’inflation, en particulier parce que l’inflation sous-jacente reste obstinément basse à 1,0% avec seulement des pressions inflationnistes modestes », explique ainsi Charles St-Arnaud, stratégiste chez Lombard Odier IM.

Les statistiques mensuelles de l’inflation britannique seront publiées quant à elles mercredi.

Aux Etats-Unis, les chiffres des mises en chantier (mercredi) et ceux des reventes de logements (jeudi) permettront d’en savoir plus sur l’évolution du marché immobilier dans le contexte de la remontée des taux.

Comme il y a dix ans, des signes de ralentissement de l’immobilier américain pourrait en effet raviver les craintes de ralentissement de la croissance, voire de récession, au risque de compromettre l’euphorie boursière ambiante.

Pour le S&P 500, qui évolue tout près de son record historique du 29 août, les profits 2018 sont attendus désormais en hausse de 20% et 2019 s’annonce encore faste, le consensus tablant désormais sur une progression de plus de 10%.

En toute logique, cette éclatante santé des entreprises conduit certains à s’interroger sur les niveaux de valorisation atteints à Wall Street.

« Le rally a été essentiellement tiré par l’expansion des valorisations, souligne Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. D’une part parce qu’on est parti de très bas, d’autre part parce que l’on arrive sur des niveaux qui nous paraissent excessivement élevés. »

« On sent de plus en plus, sur les actions américaines, que tout devient une affaire d’opinion sur les technologiques », ajoute-t-il.

Voir aussi :

GESTION-Rachats à un plus haut de deux mois sur les fonds actions-BAML

(Edité par Blandine Hénault)


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