Marchés américains : Wall Street finit en nette baisse, les inquiétudes s'accumulent (actualisé)

(Actualisé avec volumes, autres marchés, AmEx)

18 octobre (Reuters) – La Bourse de New York a fini en nette baisse jeudi, plombée par le secteur industriel après des résultats de sociétés qui ravivent les inquiétudes sur l’impact des tarifs douaniers et par la perspective de nouvelles hausses de taux de la Réserve fédérale.

La décision du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin de ne pas se rendre à une conférence en Arabie saoudite, dernière défection en date après la disparition du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, a encore ajouté à la nervosité, tout comme les tensions en Europe autour du budget italien.

L’indice Dow Jones a fini en baisse de 327,23 points, soit 1,27%, à 25.379,45.

Le S&P-500, plus large, a perdu 40,43 points ou 1,44% à 2.768,78, terminant pratiquement sur sa moyenne mobile sur 200 jours.

Le Nasdaq Composite a chuté de son côté de 157,56 points (2,06%) à 7.485,14.

« Les incertitudes géopolitiques, les taux qui montent et les complications dans négociations commerciales mondiales continuent de peser sur le sentiment », rapporte Ryan Larson, responsable des actions US chez RBC Global Asset Management à Chicago.

Parmi d’autres facteurs, il cite « la baisse de 2,9% de la Bourse chinoise, le débat autour du budget italien et la crainte d’une contagion à l’économie mondiale. »

Après l’alerte de la semaine dernière et les plus de 5% perdus en deux jours par le Dow et le S&P, les investisseurs ont du mal à apprécier les résultats de sociétés du troisième trimestre et les scrutent à l’aune de leurs préoccupations.

Le compte rendu de la réunion monétaire des 25 et 26 septembre de la Réserve fédérale, qui s’était soldée par une hausse des taux, a aussi inquiété le marché. En dépit des critiques récentes du président Donald Trump, les membres de la Fed restent unis autour de la nécessité de continuer à augmenter le coût du crédit, renforçant ainsi les anticipations de nouveaux resserrements et faisant repartir à la hausse les rendements obligataires.

Goldman Sachs a dit prévoir cinq nouvelles hausses de taux d’ici la fin 2019, soit deux de plus que le consensus.

Randy Frederick, chez Charles Schwab à Austin (Texas), souligne aussi la crainte d’une dégradation des relations avec l’Arabie saoudite qui, en plus de ses commandes militaires, est un important investisseur aux Etats-Unis. « Tant que cette crise perdurera, les investisseurs seront tentés de prendre leur bénéfice », affirme-t-il.

Au moment de la clôture, le président Trump a mis en garde Ryad contre des conséquences « très sévères » s’il était avéré que des dirigeants saoudiens sont liés à la disparition de Jamal Khashoggi le 2 octobre à Istanbul.

L’indice Vix de la volatilité a bondi de 2,66% ou 15,29% à 20,06 points et le volume est resté étoffé avec 7,79 milliards d’actions échangées, à comparer à une moyenne de 7,95 milliards sur les 20 dernières séances.

VALEURS

Neuf des 11 indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge, les plus forts replis étant pour la consommation discrétionnaire (-2,11%) et les technologiques (-2,02%).

L’indice des industrielles a lâché 1,79%, plombé par Caterpillar (-3,92%) qui a accusé la plus mauvaise performance du Dow Jones.

Le secteur a décroché après les résultats et commentaires du loueur d’équipements United Rentals (-15,04%), de Textron (11,25%) – le fabricant des avions Cessna -, du fabricant d’outillage Snap-on (-9,61%) et du spécialiste des emballages Sealed Air (-8,31%), lequel a averti sur ses coûts.

Les groupes de défense Lockheed Martin et Raytheon ont perdu respectivement 1,62% et 0,76% dans la crainte d’une dégradation des relations entre Washington et Ryad.

American Express a cédé 1,44% avant ses résultats mais le titre remontait dans les transactions hors séance, le groupe de services financiers ayant fait mieux qu’attendu et relevé de surcroît sa prévision de bénéfice annuel.

A rebours de la tendance, le géant de l’aluminium Alcoa a bondi de 5,86% après l’annonce d’un bénéfice trimestriel meilleur qu’attendu et d’un programme de rachat d’actions de 200 millions de dollars. Le marché a aussi salué les résultats de Philip Morris International, le fabricant des cigarettes Marlboro, qui a pris 3,50%.

Les seuls secteurs à finir – de justesse – dans le vert ont été les services aux collectivités (+0,08%) et l’immobilier (+0,01%), protégés par leur profil défensif.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont baissé de 5.000 la semaine dernière et le nombre de personnes percevant des indemnités a retrouvé ses plus bas niveaux depuis 1973, témoignant des tensions sur le marché du travail.

L’indice Philly Fed de la banque de Réserve fédérale de Philadelphie a pour sa part montré un léger ralentissement de la croissance de l’activité économique dans le nord-est des Etats-Unis en octobre, qui reste néanmoins soutenue.

LA SÉANCE EN EUROPE

La baisse de Wall Street a pesé sur les Bourses européennes, pénalisées aussi par les craintes concernant le budget italien et les « minutes » de la Réserve fédérale.

À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,55% à 5.116,79 points. Le Footsie britannique a cédé 0,39% et le Dax allemand 1,07%.

L’indice EuroStoxx 50 a perdu 0,97%, le FTSEurofirst 300 0,51% et le Stoxx 600 0,51% également.

TAUX

Les rendements des obligations d’Etat américaines ont initialement progressé en réaction au ton peu accommodant des « minutes » de la Fed avant de refluer, la baisse du marché actions provoquant des achats refuge de Treasuries.

Le rendement des emprunts à 10 ans référence du marché américain, revenait ainsi à 3,173% en fin de séance, en repli de 0,6 point sur mercredi, après être monté le matin jusqu’à 3,179%, un plus haut d’une semaine, non loin du pic de sept ans et demi de 3,261% atteint la semaine dernière.

Le rendement de l’emprunt à 30 ans a fait exception en s’appréciant d’environ un point de base au vu de la faible demande pour une adjudication de cinq milliards de dollars d’obligations indexées sur l’inflation (Tips).

En Europe, les rendements des obligations italiennes ont continué de grimper alors que le Rome tient tête à Bruxelles sur son projet de budget.

CHANGES

Le dollar, déjà soutenu par les « minutes » de la Fed, a accentué son avance face à l’euro après les remontrances exprimées par la Commission européenne à l’Italie au sujet de son projet de budget.

La lettre adressée par l’exécutif européen au gouvernement italien prépare le terrain à ce qui serait le rejet sans précédent du budget d’un Etat membre de la zone euro.

La nouvelle a fait chuter l’euro à 1,1450 dollar, son plus bas niveau depuis le 9 octobre.

La monnaie unique, comme la livre, a aussi pâti de l’impasse qui se poursuit dans les négociations sur le Brexit.

L’indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de devises de référence, a gagné 0,4% malgré une hausse du yen, favorisé par son statut de valeur refuge.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en baisse sur le Nymex, dans le sillage du marché actions et au lendemain de l’annonce d’une quatrième semaine de hausse des stocks de brut aux Etats-Unis.

Le contrat novembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 1,58% à 68,65 dollars le baril après avoir déjà chuté de 3% la veille. Le Brent de mer du Nord a lui cédé 0,95% à 79,29 dollars, après un creux à 78,69, s’éloignant encore de son pic de quatre ans de 86,74 dollars atteint le 3 octobre.

A SUIVRE VENDREDI :

Une avalanche de statistiques chinoises – PIB, production industrielle, ventes au détail, investissements urbains – donnera le ton aux marchés en Asie, après de précédents indicateurs montrant des signes de ralentissement de l’économie chinoise sur fond de tensions commerciales avec les Etats-Unis. Du coté des publications, les résultats trimestriels de Rémy Cointreau, Volvo et Procter & Gamble seront à suivre. (avec Terence Gabriel à New York et Medha Singh à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)


Investir – Toute l'info des marchés – Les Echos Bourse