Matthias Müller prend le volant de Volkswagen

Comme on s’y attendait, Matthias Müller, le patron de Porsche, a été désigné vendredi pour prendre la tête de Volkswagen. Mesure dont l’effet est immédiat. C’est en effet ce qu’a annoncé Berthold Huber, président conseil de surveillance du groupe automobile allemand, lors d’une brève conférence de presse au siège à Wolfsburg, et ce, après des heures de conciliabule. Il remplace ainsi Martin Winterkorn, le scandale de manipulation des tests d’homologation de véhicules diesel lui ayant été fatal.
Matthias Müller n’aura au final eu besoin que de six petits mois pour obtenir ce poste, qu’il convoite depuis le printemps dernier. Notons qu’à l’époque, Ferdinand Piech, alors président du conseil de surveillance, avait su l’imposer au sein au directoire afin de concurrencer M. Winterkorn.

« Nous pouvons et nous allons surmonter cette crise », a promis quant à lui le nouvel homme fort de VW, tout en s’engageant « à faire de Volkswagen une entreprise encore plus forte ». Il a par ailleurs rendu hommage à son prédécesseur Martin Winterkorn. Ce dernier, à la tête de VW depuis 2007, a dû se résoudre mercredi à donner sa démission tout en affirmant n’avoir jamais eu connaissance des tricheries reprochées au groupe en vue de garantir la conformité de ses moteurs aux normes anti-pollution.

Le chef du conseil de surveillance, Berthold Huber, a pour sa part qualifié l’affaire de « désastre moral et politique » pour le groupe. « Le comportement illégal de développeurs et techniciens dans le développement des moteurs a choqué Volkswagen. Nous ne pouvons que nous excuser et demander aux clients, à l’opinion publique, aux autorités et aux investisseurs de nous redonner une chance de bien faire », a-t-il ajouté. Une manière un peu rapide voire déloyale d’accuser des salariés qui n’ont pas décider de faire usage de telles méthodes sans l’aval de quelques supérieurs et non des moindres …

« Un petit groupe de personnes a causé un énorme préjudice » à Volkswagen, a renchéri Bernd Osterloh, représentant des salariés dans le conseil de surveillance. Enfonçant ainsi un clou pour faire de quelques-uns des boucs émissaires alors que tout porte à croire qu’ils n’ont pas agi uniquement de leur propre chef.

S’agissant du choix de Matthias Müller, le conseil de surveillance a justifié son choix en affirmant que c’était « exactement l’homme » qu’il fallait pour faire avancer « avec la fermeté nécessaire » le travail sur la crise actuelle de l’entreprise et « en tirer les bonnes leçons », selon les termes mêmes du communiqué.

Ses atouts ? Selon Bernd Osterloh « n’est pas un travailleur solitaire mais quelqu’un qui joue collectif, c’est ce dont a besoin Volkswagen actuellement ».

Dans un premier temps, Matthias Müller restera patron de Porsche et assurera la direction des ventes du groupe Volkswagen.

De nombreuses autres décisions ont été prises lors de ce conseil d’une importance majeure pour le groupe. Parmi elles figurent les mesures prises pour mandater des avocats en Allemagne et aux Etats-Unis et de proposer l’actuel directeur financier Hans Dieter Pötsch comme nouveau chef du conseil de surveillance. Ce poste est assuré depuis le printemps de façon intérimaire par Berthold Huber, ancien président du syndicat IG Metall, à la suite du départ du patriarche Ferdinand Pïech.
Le conseil de surveillance a également proposé de suspendre de leurs fonctions plusieurs salariés en attendant que leurs éventuelles responsabilités dans l’affaire soient éclaircies. Le groupe VW va également  adopter une nouvelle structure renforçant les responsabilités des marques et des régions.

Le directeur des ventes du groupe Volkswagen, Christian Klingler, quitte pour sa part immédiatement l’entreprise « dans le cadre d’un changement de structure prévu de longue date et en raison de divergences de vue sur la stratégie » précise en fin le communiqué.
Selon la presse allemande et les agences de presse, les responsables de la recherche-développement (R&D) d’Audi et Porsche, Ulrich Hackenberg et Wolfgang Hatz, ainsi que Heinz-Jakob Neusser, le directeur du développement de la marque VW, devraient être débarqués.
Michael Horn, le patron de VW aux Etats-Unis, devrait quant à lui laisser sa place à Winfried Vahland, le PDG de la filiale tchèque qui a permis à la marque Skoda de vendre plus d’un million d’exemplaires par an en 2014.

Sources : VW, Agences de Presse, Le Monde

Crédit Photo : Porsche

Elisabeth Studer – 25 septembre 2015 – www.leblogfinance.com 


Le Blog Finance