Mistral non livrés à la Russie: quelle addition pour la France ?

Le montant exact sera inférieur au prix d’achat initial de 1,2 milliard d’euros, selon l’Élysée. Le député Thierry Mariani (LR) évoque lui un chiffre compris entre 1,5 et 1,6 milliard d’euros.

Combien d’argent la France va-t-elle devoir mettre sur la table pour rembourser la Russie ? Alors que les deux pays sont parvenus, mercredi 5 août, à un accord sur le dossier brûlant des navires Mistral, dont la livraison avait été suspendue sine die en raison de la crise ukrainienne, la question de la somme à rembourser fait débat.

Le montant exact « sera communiqué au parlement » mais sera inférieur au prix d’achat initial de 1,2 milliard d’euros, a indiqué jeudi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Interrogé par RTL, le ministre a souligné que « la France remboursera à la Russie l’ensemble des frais engagés par la Russie pour l’acquisition de ces bateaux. Le prix initial était d’environ 1,2 milliard, le prix de l’accord sera inférieur puisque la Russie sera remboursée à l’euro près des engagement financiers qu’elle a pu mobiliser ».

« Simplement restituer les équipements »

De son côté, le député Les Républicains (LR) des Français de l’étranger, Thierry Mariani, a évalué jeudi sur France Inter, « l’addition » pour la France, à « environ 1,5 milliard à 1,6 milliard » d’euros, soit nettement plus que le chiffre avancé par le ministre de la Défense. « Quel sera le coût final de cette opération ? », s’est-il interrogé. « Très probablement donc ce chiffre d’1,2 milliard, en gros, remboursé aux Russes. (… ) Ça, c’est l’option minima ». Mais selon l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, il faut ajouter à ce chiffre, pour pouvoir revendre les navires, le coût de leur « dérussification », soit « 200 à 300 millions », une partie des équipements à bord (télécommunications notamment) étant aux normes russes.

Contacté par Challenges.fr, l’Élysée, écarte ce scénario.  » Le montant à rembourser repose sur des dispositions contractuelles selon lesquelles la somme sera inférieure à 1,2 milliard d’euros, précise la présidence de la République. Nous avons signé avec la Russie un accord amiable et il n’y a pas de pénalités. Il n’y aura pas de coût supplémentaire pour enlever les équipements russes sur les navires. La France va simplement les restituer ».

Paris proposait 785 millions d’euros

Les longues discussions entre les deux pays achoppaient depuis plusieurs mois sur cette question du montant du remboursement. Les autorités russes jugeaient que la somme suggérée par la France était insuffisante : Paris proposait de rembourser 785 millions d’euros d’avances déjà perçues de Moscou, mais la Russie chiffrait le préjudice subi à près de 1,163 milliard d’euros.

Pour expliquer cette différence, Moscou mettait en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage des Mistral, la construction d’infrastructures spéciales à Vladivostok (Extrême-Orient russe), où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat.

C’est finalement l’hypothèse avancée par Paris qui semble avoir été retenue, puisque le communiqué de l’Elysée précise bien que le remboursement concerne « exclusivement » les « sommes avancées au titre du contrat ».