Où trouve-t-on les Big Mac les plus chers du monde?

Quand il s’agit de déguster le hamburger phare de la chaîne de fast food McDonald’s, l’écart de prix peut aller de un à dix en fonction du pays dans lequel vous vous trouvez. Comme chaque année, The Economist dévoile début janvier la mise à jour de son Big Mac Index. Le journal britannique relève les prix du Big Mac dans 48 pays du globe et les convertit en dollars aux taux de change actuels des monnaies.

Comme en 2015, les pays nordiques trustent les premières places mais c’est toujours en Suisse que le fameux burger est le plus cher (6,44 dollars). La Suède (5,23 dollars) et la Norvège (5,21 dollars) complètent le podium, devant le pays de référence de cette étude que sont les Etats-Unis (4,93 dollars). A contrario, c’est au Venezuela (0,66 dollar), en Russie (1,53 dollar) et en Ukraine (1,54 dollar) que l’achat d’un Big Mac est le moins cher en dollar. A noter que le coût du sandwich est légèrement inférieur en France (4,41 dollars) qu’en Amérique.

Cet indice Big Mac reflète également l’évolution des monnaies au cours de l’année qui vient de s’écouler. Dans les pays en queue de classement, on retrouve les Etats les plus touchés par la chute des prix des matières premières. En 2015, le cours du baril de Brent a chuté de plus de 65%. Les économies qui dépendent en grande partie de leurs exportations de pétrole ont connu dans la foulée une chute rapide de leur devise. C’est particulièrement vrai avec le rouble russe et le bolivar vénézuélien. A la situation économique du pays s’ajoute la politique monétaire plus ou moins agressive des pays. La Chine et le Japon par exemple ont pris des mesures pour affaiblir leur monnaie, avec comme objectifs principaux de relancer les exportations et de soutenir leurs entreprises face à leurs concurrents étrangers.

Le Big Mac est l’un des produits phares de la mondialisation. On retrouve le burger un peu partout sur la planète et sa fabrication est relativement similaire. Etudier son prix est donc un moyen rapide de comparer le pouvoir d’achat local des différents pays. Lancé en 1986, le Big Mac Index repose sur l’idée que, sur le long terme, les taux de change des monnaies doivent s’ajuster de sorte que, avec un dollar, on peut acheter la même quantité d’un produit standard partout dans le monde. Si un burger est »bon marché » dans un pays, cela signifie que la monnaie de ce pays n’est pas à son bon niveau. The Economist en déduit ainsi que le yen japonais est sous-évalué de 37%  et l’euro de 19% par rapport au dollar. Le rouble russe est de son côté sous-évalué de 69% et le yuan chinois de plus de 45% (voir ci-dessous).

La comparaison reste cependant simpliste et on aurait tort d’accorder trop d’importance à cet indice. Déjà, le prix du Big Mac inclut aussi, outre les matières premières nécessaires à sa réalisation, le coût de la main d’œuvre et des employés, qui peut varier considérablement d’un pays à l’autre. Ensuite, le Big Mac peut être considéré comme un en-cas bon marché dans certains pays et un produit de luxe dans d’autres. En 2013, l’institut belge Bruegel s’était appuyé sur l’indice Big Mac pour comparer la compétitivité des différents pays européens entre eux. Interrogé à l’époque sur le sujet par Challenges, l’économiste Christian Saint-Etienne avait remis les pendules à l’heure : « Cette comparaison avec les Big Mac doit être regardée de façon anecdotique. (…) On ne peut pas tirer de conclusions de ces écarts mais juste dire que les touristes vont trouver un Big Mac moins cher que chez eux s’ils vont en Grèce ». 

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