Panama Papers : le FN goutte un peu trop au mondialisme financier

Où l’on comprend mieux le magnifique sourire affiché lundi, par François Hollande, président de la République française s’exprimant sur le dossier Panama Papers

Poursuivant l’exploitation des documents fournis par le Süddeutsche Zeitung, Le Monde vient ainsi de dévoiler mardi un « système offshore sophistiqué » élaboré par des proches de Marine Le Pen. Du petit lait pour ses adversaires politiques … alors que le Front National rafle de plus en plus de voix aux partis de gauche comme de droite.

Dès dimanche, le journal avait déclaré être en possession d’éléments reliant « un grand parti politique français » à ces révélations concernant des évasions fiscales à échelle planétaire. Reconnaissant à demi-mots les faits, le FN avait d’ores et déjà adressé lundi soir une « mise en garde » à « ceux qui, parmi la presse, seraient tentés de relayer des rumeurs ». Peine perdue …

L’enquête du Monde aborde plusieurs points qui avaient d’ores et déjà attirés l’attention de la justice française, alors que le patrimoine de Jean-marie Le Pen fait l’objet d’un examen approfondi. Les travaux du Monde et du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), permettent d’établir que le premier cercles des fidèles de Marine Le Pen a organisé un système de dissimulation d’avoirs financiers, exfiltrant de l’argent de France grâce à des sociétés offshore. Ce système sophistiqué a été mis en place entre Hongkong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama.

Au centre de ce « système », Frédéric Chatillon – président de Riwal, la société de communication prestataire du FN qui a autrefois travaillé avec le régime de Bachar al-Assad et proche de Marine Le Pen- a déjà mis en examen dans l’enquête sur le financement des campagnes 2012 du Front national. Un virement de 300 000 euros vers Hong Kong puis Singapour apparaît ainsi dans le dossier, sans que les enquêteurs n’aient pu démontrer que les sommes sont revenues dans les caisses du FN.

Créée en 1995, l’agence de communication a fourni de nombreuses prestations aux candidats du parti lors de ses campagnes en 2011 et 2012. Outre Frédéric Chatillon, elle est également dirigée par Olivier Duguet – ancien trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen et également ancien du GUD, une organisation étudiante d’extrême droite – et d’Axel Loustau, actuel trésorier de Jeanne et actionnaire de Riwal.

En janvier 2016, le journal Le Parisien précisait quant à lui que c’est au sein du « groupe musclé » que constitue le GUD qu’il rencontre Frédéric Chatillon. « Le début d’une amitié, qui rime avec business. Car Loustau a des parts dans Riwal, la société spécialisée dans la propagande électorale de Chatillon », ajoutait le journal.

Le Monde affirme par ailleurs que Gérald Gérin, majordome de Jean-Marie Le Pen, reconnaît être l’ayant-droit d’une société offshore enregistré par la fameuse firme panaméenne Mossack Fonseca. Selon le journal, « la cellule anti-blanchiment de Bercy, Tracfin, a trouvé de multiples éléments reliant cette société, dotée de 2,2 millions d’euros, à Jean-Marie Le Pen ». Gérald Gérin affirme quant à lui que cet argent « n’a rien à voir » avec le fondateur du Front National, dont le patrimoine est passé au crible par la justice française.

Lundi soir, le vice-président du FN Florian Philippot avait d’ores et déjà dénoncé une « diffamation », affirmant que le front National était est un « parti assez pauvre » [sic] ne détenant « pas de compte offshore ou Panama ou je ne sais quoi ». Ajoutant que Frédéric Chatillon n’avait « aucune responsabilité au FN ». Ce dernier, ancien président du GUD, bien que n’intervenant jamais dans les médias, s’était exprimé dès lundi. Dans une déclaration mardi, il a également évoqué un « extravagant fantasme en marge de cette transaction très simple ».

Rappelons que outre l’affaire des financements de campagne, le Front National est également soupçonné par le Parlement européen de faire travailler des assistants parlementaires à son siège de Nanterre. Un complot ourdi par « le socialiste allemand Martin Schulz », président du parlement, selon le FN.

Notons enfin, qu’en septembre dernier, Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN avait été mis en examen, pour « recel d’abus de biens sociaux » dans l’enquête sur le financement de la campagne des élections législatives de 2012. En mai dernier, le micro-parti Jeanne – dirigée par des proches de Marine le Pen – avait également été mis en examen, de même que le vice-président du Front national, Jean-François Jalkh, puis le parti lui-même le 9 septembre.

Sources : AFP, Le Monde, Le Parisien

Elisabeth Studer – 5 avril 2016 – www.leblogfinance.com


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