Panama : vers un échange d’informations avec la France contre virginité, ambiance électorale ?

Alors que l’affaire des Panama Papers pourrait avoir restreint la manne financière du pays, le Panama semble désormais vouloir redorer son blason, voire même s’offrir une nouvelle virginité.

La chancellerie panaméenne a ainsi indiqué vendredi qu’une délégation française du ministère de l’Economie et des Finances s’était rendue au Panama cette semaine, avec pour objectif officiel d’échanger sur les différences entre les deux pays en matière fiscale.

Les gouvernements français et panaméen travaillent en effet à l’élaboration d’un nouvel accord d’échanges d’informations qui pourrait offrir au pays la possibilité de quitter la liste française des paradis fiscaux. Virginité contre délation, en quelque sorte … Les deux pays ont convenu de « continuer à travailler ensemble » et tout cela fera l’objet d’une prochaine rencontre à Paris en 2017, précise un communiqué.

Rappelons que des millions de documents venant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca avaient été publiés en 2016, affichant au grand jour les sommes dissimulées par des dirigeants politiques, des sportifs ou des personnalités du spectacle par le biais de sociétés offshore.

Selon une source proche du dossier, le Panama aurait réitéré cette semaine auprès de la France « son souhait de disparaître à court terme de la liste des pays non coopératifs en matière fiscale ». La France exige quant à elle que le Panama satisfasse à une série de critères afin de le retirer de la liste des paradis fiscaux. Si ce pays d’Amérique Centrale avait été retiré de cette liste en 2012, il y figure à nouveau depuis le scandale.

Reste que cet empressement et zèle du Panama pourrait semblait troublant à certains, notamment en cette période électorale française pour le moins particulière ou casseroles, accusations d’abus de bien sociaux, autres amabilités et boules puantes fusent de tout côté, tant et si bien, que d’ici quelques semaines, aucun candidat pourrait n’être encore présentable.

Espérons qu’aucun prétendant à la magistrature suprême ne soit prochainement suspecté d’avoir quels comptes sulfureux au Panama. Précisons à cet égard que si le magazine d’information de France 2 « Cash Investigation » avait pointé du doigt en avril 2016 les 142 sociétés offshore créées par la banque privée suisse Edmond de Rothschild (groupe Edmond de Rothschild) et qui apparaissent dans les  Panama Papers, il convient – comme le rappelle Le Monde – de ne pas confondre la société avec la banque Rothschild & Cie – société du groupe Paris Orléans, rebaptisé Rothschild & Co en 2015 – qui a employé durant 4 ans Emmanuel Macron, par ailleurs ancien Ministre de l’Economie et des Finances … et candidat à la Présidentielle.

Rappelons tout de même que les documents des Panama Papers mettent en cause des proches de Marine Le Pen. Ces derniers sont suspectés d’avoir fait sortir de l’argent de France juste après la présidentielle de 2012 au moyen de sociétés écrans et de fausses factures avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment français.

L’enquête du Monde permet de ainsi de mettre à jour un système de dissimulation d’avoirs financiers, organisé dans de centres offshore d’Asie et des Caraïbes par « le premier cercle des fidèles» de Marine Le Pen. Au centre de l’affaire, notons la présence de Frédéric Chatillon, président de la société prestataire du FN, Riwal, déjà mis en examen dans l’enquête sur le financement des campagnes 2012 du FN.

Le journal Le Monde précise par ailleurs que Gérald Gérin, majordome de Jean-Marie Le Pen, reconnaît être l’ayant-droit d’une société offshore, Balerton, enregistré par Mossack Fonseca «La cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin, a trouvé de multiples éléments reliant cette société, dotée de 2,2 millions d’euros, à Jean-Marie Le Pen», précise le journal. Selon Gérald Gérin, cet argent «n’a rien à voir» avec le fondateur du parti.
Le Front National avait quant à lui assuré via un communiqué ne pas être impliqué dans l’affaire des Panama Papers.

Sources : AFP, Le Monde, Cash Investigation

Elisabeth Studer – 25 février 2017 – www.leblogfinance.com

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