Passeur en Méditerranée : un business très juteux

Alors que des récentes enquêtes telles que celle réalisée dans le cadre de Envoyé Spécial intitulé « Qui veut gagner des migrants » laissaient entrevoir que la vague d’immigration vers l’Union européenne constituait un business fort lucratif pour certains, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) enfonce le clou à sa manière.

Dans un entretien accordé mercredi à Reuters, en marge d’une conférence sur les migrations à Estoril, au Portugal, William Lacy Swing, le directeur général de l’OIM a déclaré que les migrations clandestines représentent chaque année un chiffre d’affaires de 35 milliards de dollars pour les réseaux de passeurs, soit à titre d’exemple, l’équivalent de l’activité de la compagnie aérienne Lufthansa.

Un chiffre qui ne fait que croître ! Puisqu’en mai 2016, un rapport publié conjointement par Europol et Interpol indiquait que le business de l’exil vers l’Europe avait rapporté au moins 5 milliards de dollars aux passeurs en 2015. Difficile certes, compte-tenu du « contexte » de déterminer quelle « marge » les « professionnels » du flux migratoire avaient appliqué. Indiquons tout de même que le coût d’un tel voyage était alors compris entre 3200 et 6500 dollars. Un passage « facilité » pour ne pas dire organisé pour 90 % des migrants par des groupes criminels.

Les profits potentiels étant gigantesques, les filières d’immigration clandestine sont passés progressivement aux mains de réseaux criminels, impliqués initialement dans d’autres trafics comme les stupéfiants, précisait également les deux organisations policières.
Plus de la moitié (52%) des 1500 individus interrogés par Europol et Fedpol versé cet argent en liquide alors que 20% d’entre eux sont passés par des agents de change. Dans 16% des cas, les périples ont été financés par des membres de la famille déjà installés en Europe.

Pour blanchir une somme aussi colossale, des transporteurs transfèrent d’importantes montants à travers les frontières, par voie terrestre ou aérienne. Par la suite, les contrebandiers l’écoulent via des épiceries, des restaurants ou des entreprises de transport.

Signe des temps …. le trafic d’êtres humains est désormais le troisième secteur d’activité le plus lucratif pour le crime organisé, derrière les trafics d’armes et de drogues. Un aspect financier qui, selon le directeur général de l’OIM, doit être pris en compte pour pouvoir lutter efficacement contre l’essor de ces réseaux criminels.

Tentant de mettre en garde les migrants, William Lacy Swing a par ailleurs indiqué qu’un nombre croissant de personnes tentaient d’atteindre l’Europe via la Libye, où les passeurs monnaient leur passage à bord d’embarcations aussi vétustes que surchargées. Selon les données de l’OIM, Depuis le début de l’année, quelque 1.700 migrants ont péri en tentant de franchir la Méditerranée. Il prévoit d’ores et déjà que compte-tenu de la hausse des tentatives de traversées observées durant l’été, des drames plus nombreux encore devraient survenir. Si sur l’ensemble de l’année 2015, l’OIM avait enregistré 3.700 décès en Méditerranée, ils furent 5.000 en 2016.

Sources : Reuters, France2, rts.ch

Elisabeth Studer – 31 mai 2017 – www.leblogfinance.com

A lire également :

L’Italie et l’UE s’accordent avec la Libye pour financer les camps de migrants et revenir exploiter son pétrole ?

Le Blog Finance