Pétrole / Nigeria : la production en nette hausse, proche de son niveau de 2015

Alors que les producteurs de pétrole Opep et non Opep tentent d’obtenir un accord d’ici la fin novembre en vue de réduire leur production et tenter ainsi de faire remonter le prix du baril, le Nigeria – membre du cartel – vient de se féliciter de voir son niveau de production remonter à un niveau proche de celui qu’il atteignait les années précédentes.

Non seulement l’entente entre pays producteurs risque d’être difficile à atteindre lors de la réunion prévue en fin de mois … mais on pourrait même aboutir au final à une hausse de production. En tout cas, ce nouvel afflux de ressources pétrolières sur le marché n’est pas propice à une remontée des cours.

Le ministre du Pétrole Emmanuel Kachikwu du Nigeria a ainsi indiqué mardi que la production pétrolière du Nigeria était remontée à 2,1 millions de barils par jour. S’exprimant devant la presse après une rencontre entre le président nigérian Muhammadu Buhari et des représentants du delta du Niger, il a par ailleurs estimé que cette situation était le fruit des nombreuses rencontres qui s’étaient déroulées en coulisses.

« Parmi nos objectifs pour 2017, nous visons zero mise à l’arrêt consécutive à des actes de militants », a également ajouté M. Kachikwu, qualifiant les discussions de « plutôt bonnes » et « plutôt civilisées. »

Rappelons que la capacité de production du Nigeria avoisine en temps normal 2,2 mb/j. Néanmoins, en 2016, sa production est même tombée jusqu’à 1,4 mb/j, lourdement impactée par des attaques menées sur les oléoducs des majors pétrolières telles que Shell, Exxon, Chevron par différents groupes rebelles.  Emmanuel Ibe Kachikwu rapportait ainsi récemment que 1 600 oléoducs avaient été « vandalisés » depuis janvier 2016. Au final, la recrudescence de ce type d’attaques depuis février a engendré une baisse de la production de pétrole. Alors même qu’elle atteignait en moyenne 2 à 2,2 millions de barils par jour au premier trimestre 2016, la production pétrolière du pays s’est établie à 1,69 million de barils par jour entre mai et juin, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie.

Parmi les principaux participants aux pourparlers évoqués par le ministre, il est à noter la présence
de Edwin Clark, vétéran représentant plusieurs des groupes militants de la région marécageuse du sud du pays, dont les Niger Delta Avengers (NDA). Ce dernier a formulé 16 demandes auprès du gouvernement nigerian, exhortant notamment le président Buhari à une révision du programme d’amnistie des anciens militants, à une réduction de la présence militaire dans la région du delta et à une concentration des efforts sur la dépollution. Ces revendications reprennent en grande partie celles des NDA, qui réclament également une meilleure répartition des recettes pétrolières du pays, plaidant pour que 60% des blocs pétroliers, détenus par des majors internationales soient attribués aux communautés locales.

La semaine dernière, à quelques jours seulement de ces pourparlers prévus avec des membres du gouvernement et les groupes rebelles, les Niger Delta Avengers (NDA) ont revendiqué la destruction d’un oléoduc de la compagnie américaine Chevron dans le sud du pays, région qui concentre l’industrie du pétrole.

Un moyen de faire pression sur le gouvernement alors que l’économie nigériane dépend à 70% de la rente pétrolière.

Sources : AFP, Jeune Afrique

Elisabeth Studer – 1 novembre 2016 – www.leblogfinance.com

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