Plus de 40 milliards d’euros de perte en cas de « hard » Brexit

Les éventuelles conséquences négatives d’une interprétation dure du Brexit inquiètent de plus en plus le secteur financier. Selon un rapport publié mercredi par le cabinet de consultants Oliver Wyman, la finance britannique pourrait perdre jusqu’à 38 milliards de livres sterling (43,2 milliards d’euros) de revenus en cas de « hard Brexit » limitant son accès au marché unique de l’Union européenne.

Selon les conclusions du rapport commandé par TheCityUK, principal groupe de pression du secteur financier, si les entreprises du secteur – banques de détail et d’investissement, gérants d’actifs et assureurs – perdaient l’accès au marché unique, 75.000 emplois pourraient disparaître. Chiffre à comparer au 1,1 million de personnes employés par le secteur.

Le manque à gagner de l’Etat en recettes fiscales pourrait se chiffrer quant à lui à 10 milliards de livres, alors que la finance britannique représente un chiffre d’affaires annuel de 190 à 205 milliards de livres, et paie chaque année de 60 à 67 milliards de livres d’impôts.

Si l’on en croit des sources proches du dossier, le document aurait été soumis au Trésor britannique et à d’autres ministères.

La publication de ce rapport intervient alors que dimanche dernier, Theresa May a annoncé que le Royaume-Uni invoquerait l’article 50 du Traité européen avant la fin mars 2017, sans toutefois se prononcer sur un choix entre un « soft Brexit », impliquant des concessions mutuelles, et un « hard Brexit » marquant la rupture avec le marché unique de l’Union européenne.

Le rapport évoque quant à lui les deux hypothèses. Un hard Brexit impliquerait selon lui la fermeture définitive de l’accès au marché unique, et un manque à gagner pour les banques de 32 à 38 milliards de livres, tandis que 65.000 à 75.000 emplois se retrouveraient remis en cause.

A contrario, si Londres conserve l’accès à l’Espace économique européen (EEE) dans des conditions identiques à ce qu’elles sont actuellement, les pertes d’emplois pourraient se limiter à 4.000 et le manque pourrait se limiter à deux milliards de livres.

Néanmoins, il revient à la Haute Cour de justice britannique de décider en octobre prochain si Theresa May peut activer sans aval parlementaire ce fameux article du traité de Lisbonne permettant de lancer la procédure de divorce avec l’UE. Début août, sept actions en justice y avaient déjà été engagées afin de faire valoir le droit parlementaire sur le fait d’invoquer ou non l’article 50.

Le 19 juillet dernier, la Haute Cour de Londres a entendu les avocats du gouvernement britannique lors d’une audition spéciale sur la sortie de l’Union européenne.  Ces derniers ont alors annoncé que Londres n’entendait pas avoir recours à l’article 50 du Traité de Lisbonne avant la fin 2016.

Les avocats du gouvernement ont alors souligné que la mise en application de l’article 50 du Traité de Lisbonne n’aurait pas besoin du vote du Parlement et que ce serait uniquement le Premier ministre et de son cabinet qui pourraient prendre la décision. Selon eux,  Theresa May pourrait même décider de contourner le vote au Parlement en invoquant une prérogative royale.

Si les Britanniques ont voté le 23 juin 2016 pour la sortie de leur pays de l’Union européenne, le début officiel du processus de la sortie nécessite de longues discussions, qui ne pourront débuter que via la mise en application de l’article 50 du Traité de Lisbonne.

N’en déplaise aux uns et autres, il convient donc d’attendre le jugement de la Haute Cour qui doit se prononcer à la mi-octobre pour savoir si oui ou non l’article 50 sera présenté devant les deux Chambres. L’affaire pourrait même se poursuivre devant la Cour suprême à la mi-décembre en cas de différend.

Sources : Reuters, RFI, presse.ca

Elisabeth Studer – 5 octobre 2016 – www.leblogfinance.com

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