Pourquoi Hollande ne peut pas changer de cap économique

La déroute du PS lors des élections municipales peut-elle conduire François Hollande à changer de cap sur le plan économique?
 
Pour les politologues, ces résultats reflètent le mécontentement vis-à-vis de la politique conduite par François Hollande et son gouvernement. Un rejet déjà bien visible dans la chute des cotes de popularité de l’exécutif. Une large partie des électeurs n’a pas voté, surtout à gauche. Mais ce vote peut aussi être interprété comme la sanction électorale d’une situation économique où la hausse des impôts est allée de pair avec celle du chômage. La réponse à apporter diffère donc selon le camp politique où l’on se situe. A gauche, ils sont nombreux à souhaiter une politique plus marquée en faveur de la demande et donc à un rejet de l’austérité budgétaire. A droite, on exige une politique favorisant plus clairement l’offre, c’est-à-dire à un soutien aux entreprises. François Hollande avait opté en janvier pour la seconde option. Et quel que soit le nom du Premier ministre à qui le Président va confier les rênes du gouvernement, je pense que sa feuille de route sera la même.
 
Pourquoi ?
 
La situation économique ne lui laisse pas de marges de manoeuvres. Avec un déficit à 4,3% du PIB et une dette à 93,5%, on peut dire que la France peut à tout moment se retrouver sous la pression des marchés financiers. Elle s’en est sortie jusqu’à maintenant parce que la seule véritable alternative des investisseurs est la dette de l’Italie, pays dont l’économie est également mal en point. Mais, c’est une évidence, la France n’est pas en situation de renier ses engagements européens. Elle a promis de ramener son déficit sous 3% du PIB en 2015. Certes cet objectif paraît désormais inatteignable, mais à ce jour, il n’a pas été renié publiquement. Et comme la Commission n’a pas dit qu’elle tolèrerait un nouveau dérapage, la France doit montrer qu’elle garde au moins le cap.
 
Aucune inflexion n’est possible? 
 
Soyons réaliste. Malgré l’augmentation générale des impôts, le déficit des administrations publiques s’est contenté de passer de 5,2% du PIB en 2011 à 4,3% en 2013. Il y a un an, quand la France a obtenu la bienveillance de la Commission européenne, l’objectif était de 3,7% en 2013. Dans le même temps, la dépense publique a continué de déraper pour s’établir à un nouveau record de 57,1% du PIB. Les prestations sociales (542 milliards d’euros) représentent près de la moitié des 1.176 milliards d’euros des dépenses. Quel gouvernement peut prétendre remettre l’économie française en ordre de marche s’il ne s’attaque pas à cette aberration ?
 
Ensuite, il faut financer des baisses de charges sur les entreprises: 20 milliards d’euros pour le CICE et 10 milliards de plus dans le cadre du Pacte de responsabilité. Ajoutons que ce Pacte prévoit aussi une baisse des impôts sur les entreprises.  Pour résoudre l’équation budgétaire à laquelle il est confronté, l’Etat n’a pas le choix : il doit faire des économies sur ses dépenses. Le chiffre de 50 milliards d’euros d’ici 2017 passe en boucle. Le prochain gouvernement devra expliquer dans quelles dépenses il compte tailler.
 

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