Poutine mis à mal en Russie sur la réforme des retraites

Poutine mis à mal en Russie sur la réforme des retraites

Poutine avait l’air un peu plus discret ces derniers jours … on aurait pu mettre cela sur le compte de la retombée de la fièvre du Mondial … Mais au final, le Président russe se trouve confronté à des difficultés internes.

Manifestation à Moscou

Plusieurs milliers de personnes ont en effet défilé dimanche dans les rues de Moscou, la capitale russe, pour protester contre un projet de réforme du système des retraites. Ce dernier est contesté par l’immense majorité de la population et érode dangereusement la popularité du président Vladimir Poutine.

L’appel à manifester contre le relèvement de l’âge de la retraite rencontre un écho de plus en plus fort dans la société russe. Ce qui est rare, s’agissant d’une réforme soutenue par le président. La veille, déjà, samedi 28 juillet, plusieurs milliers de Russes étaient descendus dans les rues à travers le pays.  L’ONG White Counter affirme que plus de 6.000 personnes se sont réunies dimanche tandis que la police estime à près de 2.500 le nombre de participants.

Dans le cadre du rassemblement organisé par le Parti libertarien, de nombreux manifestants ont scandé des slogans hostiles au chef d’Etat, qu’ils ont qualifié de “voleur” . Réclament parallèlement que “le tsar s’en aille“.

Le projet de relèvement de l’âge de la retraite fait déborder le vase

La réforme propose de relever l’âge de la retraite en Russie, progressivement, à partir de 2019. Ce dernier passerait ainsi de 60 à 65 ans pour les hommes et de 55 à 63 ans pour les femmes. Si le texte était adopté, cela serait une première dans le pays depuis plus de 80 ans. Certes, l’espérance de vie de la population russe est passée de 65,5 ans en 2005 à 72 ans en 2016.

Le sujet est d’autant plus important en Russie que les retraités constituent un quart de la population russe. Leur pension est estimée à 12 000 roubles (165 euros), un niveau très bas qui oblige nombre d’entre eux à travailler.

La Coupe du Monde n’aura pas permis de noyer le poisson ….

L’annonce de ces mesures avait été faite le jour-même de l’ouverture de la Coupe du monde de football en Russie. Histoire de noyer la bien mauvaise nouvelle dans un torrent d’euphorie. Le Premier ministre, Dmitri Medvedev, avait alors « vendu le projet » en quelque sorte, en affirmant qu’il permettrait d’augmenter le montant des retraites et d’allouer davantage de fonds publics à la relance de la croissance.

Autre argument invoqué : un rééquilibre du marché du travail. Le taux de chômage, qui s’élèvera à 5,1% en 2018 selon le cabinet Macro-Advisory, est «déjà à un niveau bas record et, à moyen terme, nous risquons de manquer de main-d’œuvre. C’est déjà le cas dans plusieurs régions», avait ajouté le Premier Ministre.

Précisons que Vladimir Poutine n’avait pas évoqué cette réforme lors de la campagne électorale qui a précédé sa réélection le 18 mars dernier …

La deuxième lecture du texte, initialement prévue pour le 18 août, a été reportée au 24 septembre.

Reste, que selon un sondage paru récemment, 90% des Russes sont opposés à une telle réforme. Une pétition demandant son abandon a d’ores et déjà recueilli trois millions de signatures sur internet.

Des manifestations dans tout le pays samedi

Samedi, 100 000 personnes selon les organisateurs, seulement 10 000 d’après des journalistes présents, ont pris part au rassemblement à Moscou. Les manifestants lançant de vibrants appels tels que « nous voulons vivre de nos retraites et ne pas mourir au travail ».

Des milliers de personnes se sont également rassemblées dans plusieurs autres villes, de l’ouest à l’Extrême-Orient. L’agence Tass a fait état de 1 200 personnes à Novossibirsk, en Sibérie occidentale.

La cote de Poutine en nette baisse

Cette opposition manifeste a d’importantes répercussions sur la popularité de Vladimir Poutine. Cette dernière a même baissé en juillet. Et ce, même en pleine la Coupe du monde, alors que la bonne organisation russe de l’événement a été saluée de toute part. Selon le centre russe d’études de l’opinion (VTsIOM), elle serait ainsi passée de 80 % en mai à 64 %.

Sources : Reuters , La Croix, AFP, Le Figaro

Elisabeth Studer – 29 juillet 2018 – www.leblogfinance.com


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