Qui est Jean-Pierre Farandou, le futur patron de la SNCF?

La photo qu’il a scotchée dans son bureau -une vue panoramique prise de la maison de famille à Montségur, petit village des Pyrénées-Atlantiques et le ballon ovale qui traine dans un coin ne trompent pas sur les origines de ce béarnais de 62 ans. Fils unique d’un agent des douanes à Bordeaux et d’une institutrice, cet ingénieur des Mines a enchaîné tous les jobs depuis son entrée en 1981 à la SNCF, après avoir débuté sa carrière aux Etats-Unis, au sein de la compagnie minière Amax. Jean-Pierre Farandou est passé du Thalys au Transilien en faisant un stop par la direction Grandes Lignes, où il prit goût au marketing, avant d’être nommé, à la tête de Keolis, il y a sept ans, la « locomotive à l’international » de la compagnie publique, selon Guillaume Pepy, l’actuel PDG du groupe sur le départ.

Contrats à l’étranger

L’homme connaît donc bien les arcanes de « la maison cheminote.’ Un atout majeur à l’heure où cette dernière va vivre un des plus gros bouleversement de son histoire en mettant fin au recrutement des cheminot au statut au 1er janvier 2020 et en ouvrant ses lignes à la concurrence. Un domaine que le patron de Keolis connaît bien à force de se battre pour engranger des contrats à l’étranger (plus de 40% des 6 milliards de chiffre d’affaires). Le renouvellement des trams à Bordeaux, celui des bus à Lyon, le métro automatique à Hyderabad (Inde), le RER à Boston (Etats-Unis) ou encore le métro aérien à Londres sont autant de contrats tombés dans l’escarcelle de l’entreprise sous ses mandats.

Un point qui a peut-être fait la différence avec Patrick Jeantet, le président de SNCF Réseau, l’autre candidat pressenti. Si ce dernier avait la préférence des syndicats et notamment celle du syndicat réformiste Unsa, la nomination de quelqu’un du sérail capable, selon le cahier des charges des organisations syndicales de « porter un engagement social et environnemental » est loin d’être un détail. La candidature du duo Jean Castex, actuel délégué interministériel aux grands évènements sportifs et Rachel Picard, patronne des activités TGV, qui avait la préférence du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, aurait été écartée en raison des réactions hostiles de l’Unsa et de la CGT.

Tourner la page de l’ère Pepy

Saura-t-il rendre plus agile le mastodonte ultra-centralisé dont il prenait soin, à la tête de Keolis, de rester à distance pour ne pas se faire engloutir ? Adepte des lignes hiérarchiques courtes il n’est pas du genre à croire « au leader qui décide de tout, seul dans son coin, car c’est trop casse-gueule,  » nous confiait-il il y a deux ans. Son premier défi sera surtout de savoir tourner la page de l’ère Pepy, le patron omniprésent aux allures de « super-héros » qui mène depuis dix ans cette énorme machine de 270.000 salariés.  

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