Réfugiés: les annonces de Valls

Manuel Valls s’est dit prêt mercredi 16 septembre à rétablir un contrôle temporaire des frontières en France comme ailleurs en Europe, tout en débloquant plusieurs centaines de millions d’euros pour les réfugiés, mais aussi les sans-domicile fixe. Dans son discours à l’Assemblée nationale ouvrant le débat sur l’accueil des réfugiés affluant en Europe, le Premier ministre a débloqué des moyens budgétaires importants et annoncé la création de 900 postes supplémentaires dans les forces de l’ordre. Rejetant le discours du « tout fermer », il a aussi critiqué le « tout ouvrir », plaidant à nouveau pour un renforcement de Schengen et de meilleurs contrôles aux frontières de l’Europe.

« Nous avons déjà rétabli ce printemps des contrôles temporaires à cette frontière. Et nous n’hésiterons pas à le faire de nouveau comme les règles de Schengen le permettent à chaque fois que les circonstances l’imposent, si c’est nécessaire dans les prochains jours ou prochaines semaines », a déclaré le chef du gouvernement, alors que la droite a cherché à orienter le débat sur l’espace Schengen et la libre circulation des personnes au sein de l’UE. Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, ont activé ces derniers jours des contrôles aux frontières, permis temporairement par Schengen, face à l’arrivée de migrants et de demandeurs d’asile.

Le gouvernement, a annoncé Manuel Valls, va débloquer 279 millions d’euros supplémentaires pour l’accueil des réfugiés et 250 millions d’euros pour l’hébergement d’urgence. La première ligne budgétaire, dont environ un tiers vient de fonds européens, ira « au premier accueil, à l’hébergement d’urgence, à l’aide forfaitaire aux communes », ainsi que pour renforcer les effectifs de l’Ofpra (Office français de protection des apatrides), de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) et de l’Education nationale, a précisé Manuel Valls. Pour 2017, ces crédits supplémentaires doivent atteindre 334 millions, a par ailleurs indiqué Matignon à l’AFP, soit un total dépassant les 600 millions d’euros d’ici la fin 2017.

Critiques contre Sarkozy

Comme il s’y était engagé samedi lors d’un discours devant les maires prêts à accueillir des réfugiés, Manuel Valls a également débloqué des fonds pour l’hébergement d’urgence et la « veille sociale », afin d’éviter notamment de léser les sans-abris à l’approche de la saison hivernale. Il s’agira d’une enveloppe de 250 millions d’euros des crédit sur les douze mois à venir, dont 130 millions « dès le mois prochain ». « La solidarité, c’est garantir un accueil des réfugiés et demandeurs d’asile », mais cette solidarité « ne doit pas dégrader la situation de celles et ceux de nos concitoyens qui ont besoin d’être aidés », a souligné M. Valls.

Alors que la crise migratoire a notamment nécessité des renforts policiers dans la région de Menton, près de la frontière italienne, et à Calais, à l’entrée du tunnel sous la Manche, 900 postes vont être créés, « notamment dans la police aux frontières », a annoncé le Premier ministre. Ces effectifs supplémentaires coûteront 40 millions en année pleine, a précisé à l’AFP l’entourage du chef du gouvernement.

Manuel Valls, qui a de nouveau défendu les positions franco-allemandes visant à accueillir les demandeurs d’asile et réfugiés tout en refoulant les « migrants économiques », a également profité de son discours pour critiquer des propositions de la droite, dont celle de l’ancien président Sarkozy, ainsi que de l’extrême-droite. Sur la proposition d’un statut temporaire de « réfugié de guerre » du président des Républicains, M. Valls a souligné qu' »octroyer une protection temporaire ne prive en aucun cas du droit de demander l’asile », là où M. Sarkozy propose un retour dans le pays d’origine une fois les troubles terminés. Le « Schengen 2 » défendu par l’ex-président n’est que « le respect des règles de Schengen 1″, ainsi qu' »une politique européenne et un contrôle efficace des frontières extérieures de l’Union européenne ». « C’est à dire faire ce que nous faisons », a affirmé M. Valls.

(avec AFP)

Challenges en temps réel : Economie