Russie / Etats-Unis : la bataille du gaz de schiste ne fait que commencer

Du nouveau dans la guerre du gaz  et tout particulièrement dans la guerre du gaz de schiste qui voit s’affronter – notamment – Etats-Unis et Russie.

Alors que selon les prévisions de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), les  USA seraient le pays le plus avancé dans l’exploitation des hydrocarbures de schiste,  le pays pouvant même selon ses  calculs  devenir le 1er producteur mondial de gaz en 2015 devant la Russie, Moscou  vient de renvoyer la balle.

La production de gaz de schiste aux États-Unis n’est pas rentable, et cette « bulle » va éclater bientôt, a ainsi déclaré le chef de la holding russe Gazprom, Alexeï Miller, dans un entretien télévisé. Principales raisons pouvant expliquer une telle situation si l’on en croit le dirigeant russe :  les contraintes liées  à l’aspect sécuritaire.

D’après lui aucun projet sur le gaz de schiste ne serait efficace, affirmant au contraire que tous les puits ont « une valeur négative ». 

Simple hasard ? Rappelons  que USA  et Russie  sont en concurrence directe pour approvisionner le Japon en énergie, lequel a vu ses besoins accrus à la suite de la catastrophe de Fukushima.

Ainsi, en février 2013, la compagnie d’électricité japonaise Tokyo Electric Power (Tepco) avait annoncé avoir sécurisé un approvisionnement de 2 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) dit léger, dont 800.000 provenant du projet Cameron d’extraction de gaz de schiste dans l’Etat de Louisiane aux Etats-Unis (filiale de Sempra Energy).

En vue compenser l’arrêt de tous ses réacteurs nucléaires depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, Tepco se voit en effet contraint de faire tourner à plein régime ses centrales thermiques.

Une aubaine pour les Etats-Unis qui ne perdent pas une occasion pour accroître leurs exportations d’hydrocarbures. La compagnie d’électricité japonaise prévoit ainsi que d’ici une décennie, 10 millions de tonnes par an, soit la moitié de ses besoins en gaz naturel liquéfié, soient constitués de gaz naturel léger, essentiellement du gaz de schiste provenant d’Amérique du Nord … La première étape du plan annoncé en novembre dernier prévoit la sécurisation par Tepco de 1,2 million de tonnes provenant de différents fournisseurs ainsi que 800.000 tonnes via des contrats nouveaux avec deux sociétés de commerce japonaises.

Un premier contrat d’une durée de 20 ans et qui prendra effet à compter de 2017 a été conclu avec la maison de négoce Mitsui & Co portant sur 400.000 tonnes de gaz léger de schiste par an en provenance du gisement Cameron, la capacité annuelle à l’exportation de ce dernier étant évaluée à 12 millions de tonnes. Des  négociations ont été menées avec Mitsubishi Corporation en vue d’aboutir à la signature de contrat pour des délais et des volumes identiques. Tepco a par ailleurs précisé qu’une option a d’ores et déjà été posée pour des quantités supplémentaires dans le cadre de l’un et l’autre des accords.

Certes des modifications techniques sont nécessaires pour pouvoir adapter les installations japonaises au gaz de schiste, mais le recours à ce type d’énergie devrait globalement réduire les coûts d’approvisionnement en carburants pour les centrales thermiques, le prix du gaz étant moindre par rapport à celui du pétrole.

Un avantage certain en faveur de la livraison de gaz par les Etats-Unis alors que Tepco se voit lourdement impacté par la hausse de sa facture énergétique suite à la catastrophe de Fukushima, une telle situation alourdissant par ailleurs le déficit commercial du Japon.

En mars 2011, alors que les analystes prévoyaient d’ores et déjà que l’arrêt de quatre centrales nucléaires nippones allait entraîner une hausse de la demande de fioul et de gaz naturel liquéfié (GNL) afin de palier à la baisse de la production d’électricité, le premier ministre russe Vladimir Poutine avait donné l’ordre d’augmenter les livraisons du GNL provenant du gisement de Sakhaline en direction du Japon. Les experts indiquaient alors qu’il est nécessaire d’importer environ un million de tonnes de GNL pour compenser le retrait de 1 gigawatt de capacité nucléaire pendant un an.

Rappelons que le Japon est d’ores et déjà le premier acheteur de GNL au niveau mondial. Ainsi, en 2009, 35% des cargaisons lui étaient destinées.

Comme l’indiquait par ailleurs le journal Les Echos en mars 2011, les arrêts de fonctionnement du parc nucléaire japonais ont déjà eu des impacts substantiels sur le marché du GNL.

Ainsi, en juillet 2007, l’arrêt de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa avait entraîné une nette hausse des prix du gaz naturel liquéfié. A la suite d’un fort séisme survenu à quelques kilomètres du site, la centrale de 8 gigawatts avait dû subir des réparations pendant deux ans, avant de pouvoir redémarrer.

En 2002, la fermeture de 17 des 54 réacteurs nucléaires nippons pour des inspections de sécurité avait également entraîné une hausse de 11% de la demande de GNL l’année suivante.

Simple hasard ?

Alors que nous laissions entendre ici-même que tsunamis (tels que Fukushima), ouragans (tels que Sandy ou Isaac), séismes (Haïti, Iran, Birmanie) ne seraient pas dûs uniquement à l’oeuvre de Dame Nature – cette dernière pouvant être quelque peu aidée dans son œuvre par de véritables armes climatiques comme HAARP (High-Frequency Active Auroral Research Program), gérées conjointement par l’US Air Force et l’US Navy – nous indiquions que la liste des groupes industriels, des sociétés financières « partenaires » du projet et autres lobbies était pour le moins édifiante. Qui sont-ils ? En tout premier lieu, Bae Systems et Carlyle … la sulfureuse société liée à Ben Laden Groupe et Bush … et donc au lobby pétrolier US …

La liste des compagnies pétrolières liées au projet – qui inquiétait d’ores et déjà le parlement européen en 1999 – n’est pas exhaustive … Arco et même British Petroleum (récemment attaqué en Algérie sur le site gazier d’El Almenas) en faisant partie. Ah, j’oubliais : le site LIESI nous rappelle que le premier brevet américain lié à HAARP a été déposé le 11 août 1987 par Bernard Eastlund …. via le financement d’ARCO, une compagnie pétrolière américaine … à l’origine de la découverte de l’immense gisement d’hydrocarbures de Prudhoe Bay en Alaska…

Au final, de quoi faire réfléchir et même s’interroger, tout en restant rationnel …

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com –  30 mars 2013

Sources : AFP, TEPCO, LIESI, les Echos, La Voix de Russie


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