Salaire minimum européen : solution contre populisme et nationalisme ?

L’instauration d’un salaire minimum en Europe : le remède pour lutter contre le populisme et le regain du nationalisme ? C’est en tout cas la solution proposée par sept ministres des Affaires européennes dans une tribune parue mardi dans le Corriere della Sera dans laquelle ils plaident pour une Europe « plus sociale, plus juste » et « davantage fondée sur des valeurs ».

« Notre monde change considérablement. Le nationalisme se propage. Les tensions populistes resurgissent », écrivent les ministres français, allemand, italien, grec, portugais, maltais et tchèque, qui doivent se réunir mercredi à Berlin. Selon eux, après « des années de stagnation économique », une relance durable des économies sur le plan environnemental et social s’avère prioritaire.

Les sept ministres souhaitent ainsi que soit instaure un salaire minimum dans tous les Etats membres, en parallèle du respect des pratiques nationales et du rôle des partenaires sociaux de chaque pays.

De manière plus générale, ils réclament « des mesures fortes pour lutter contre le chômage des jeunes, l’inégalité entre les salaires et les disparités de niveaux de vie et de protection sociale ». Selon eux, il est désormais grand temps de faire de l’Union européenne une union sociale, « avec des droits des travailleurs renforcés, une véritable égalité femmes-hommes, des emplois sûrs et des revenus garantis ».

« Pour toutes ces raisons, nous voulons qu’un pilier social fort de l’Union européenne soit incorporé dans la déclaration de Rome et nous avons lancé la préparation du grand sommet social qui réunira les dirigeants européens en novembre prochain en Suède » ajoutent-ils encore.

A noter que ces propos interviennent alors que les chefs d’État et de gouvernement européens seront réunis à Rome le 25 mars prochain pour célébrer le 60e anniversaire du Traité de Rome de 1957, fondateur de la construction européenne.

En France, un rapport parlementaire proposant d’instaurer un salaire minimum dans l’ensemble de l’Europe a été remis en octobre dernier à la ministre du Travail. Selon son rédacteur, par Philip Cordery, député PS des Français de l’étranger, la mise en place d’une telle mesure permettrait en tout premier lieu de lutter contre le dumping social  et d’organiser la convergence des salaires minima vers le haut.

A l’heure actuelle, certes, 22 des 28 pays de l’Union ont mis en place un salaire minimum. Mais l’Italie, Chypre, l’Autriche, le Danemark, la Finlande et la Suède n’ont pas pris des mesures dans ce sens. Mais les disparités demeurent énormes entre le montant du salaire minimum en vigueur dans les différents pays, lequel va de 215 euros mensuels en Bulgarie à 1.999 euros au Luxembourg. L’Allemagne est le dernier pays en date à avoir adopté un Smic. Mis en place au 1er janvier 2015, son montant est de 1498 euros soit 8,84 euros de l’heure en 2017.

Lucide quant aux difficultés inhérentes à la mise en place d’un tel système, Philip Cordery ne plaide pas pour un salaire minimum uniforme immédiatement dans toute l’Europe. Il préconise d’instaurer dans chaque Etat un salaire minimum dont le niveau varierait dans une fourchette de  »50% à 60% du salaire médian national ».

Restera ensuite à mettre en place une uniformisation progressive des cotisations sociales et de la fiscalité sur les salaires, l’harmonisation du salaire brut ne pouvant être qu’une étape intermédiaire.

Sources : Corriere della Sera, AFP, JDN, La Tribune

Elisabeth Studer – 14 mars 2017 – www.leblogfinance.com

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