Scandale des moteurs diesel chez VW : une opportunité pour réduire l’emploi ?

Les relations syndicats/ patronat ne semblent pas prêtes de s’arranger chez VW … et pourraient même s’aggraver. Le conflit entre les représentants du personnel de Volkswagen et Herbert Diess, le patron de la marque semble même s’être envenimé.

Dans une lettre au personnel datée du 5 avril, les dirigeants syndicaux accusent ainsi Herbert Diess de ni plus ni moins trahir les salariés et d’utiliser le scandale du dieselgate comme prétexte pour réduire les effectifs.

« Nous ne cachons pas que nous constatons actuellement un grave problème de confiance entre la direction de la marque et le comité d’entreprise », écrit Bernd Osterloh, le président des comités d’entreprise du groupe VW et de la marque Volkswagen. « Nous avons l’impression qu’il y a une tentative de profiter sournoisement du scandale des moteurs diesel pour procéder à des réductions de personnel qui, il y a quelques mois, n’étaient pas un sujet. »

Bernd Osterloh réclame également des discussions avec les dirigeants de la marque sur l’avenir des usines en Allemagne, en vue notamment de fixer des objectifs de production et d’investissement. Il demande que soit signé « un accord central sur le développement futur de la marque » et que soient définies « des garanties concrètes pour toutes les usines allemandes ». Une demande de négociations acceptée par le directeur des ressources humaines, Karlheinz Blessing. Lequel ajoute dans un mail que « la préservation des usines est aussi dans l’intérêt de la direction » et considérer « la lettre du comité d’entreprise comme une très bonne base de travail . »

La DRH a prévu parallèlement des négociations salariales avec les dirigeants syndicaux au mois d’avril. Ces derniers réclament une revalorisation de 5% pour 120.000 salariés. Mercredi dernier, le magazine « Der Spiegel » indiquait pour sa part que les membres du directoire de Volkswagen refusaient de sacrifier entièrement leur rémunération variable, malgré les difficultés financières du constructeur.

En novembre dernier, la direction et les représentants syndicaux de Volkswagen avaient annoncé qu’ils décideraient conjointement des mesures à mettre en oeuvre, aussi bien en termes d’économies que de production, pour faire face au scandale des émissions polluantes. Une initiative qui visait alors à apaiser les tensions croissantes entre la direction et les syndicats.

« Dans la situation difficile actuelle, nous devons prendre des décisions communes qui tiennent compte aussi bien de la rentabilité que de l’emploi », écrivaient dans un communiqué conjoint le président du directoire, Matthias Müller, et le conseil d’entreprise. Ajoutant qu’ils discuteront ensemble des investissements et de l’utilisation des capacités de production.

Le président du conseil d’entreprise, Bernd Osterloh, avait préalablement déclaré que le patron de la marque Volkswagen, Herbert Diess, avait rompu les règles de la cogestion en annonçant un programme d’économies d’un milliard d’euros par an. Il avait alors réclamé l’ouverture immédiate de discussions avec la direction du groupe.

Les représentants syndicaux avaient également été irrités par la décision d’Herbert Diess de geler les promotions des cadres au sein de la marque VW, des mesures qui selon eux limitent de fait l’influence du conseil d’entreprise.

A la mi-mars, l’agence de presse allemande DPA avait indiqué pour sa part que Volkswagen souhaitait supprimer 3 000 postes en Allemagne. Ajoutant alors que ces mesures ne devraient pas affecter la production et ne concerneraient uniquement les emplois administratifs avec un plan progressif et des départs négociés. L’objectif premier affiché à cette date étant de réduire les charges,  le coût du scandale pesant lourdement sur les comptes de la société.

Citant des sources au sein de l’entreprise, l’agence de presse allemande précisait que VW compte supprimer un emploi sur dix dans ses bureaux en Allemagne d’ici à fin 2017. La réduction des effectifs devrait s’effectuer à travers des cessations progressives d’activité ou des mesures de formation.

Un porte-parole du groupe avait rappelé à ce propos que «  la marque Volkswagen a mis en place un programme d’efficience qui concerne tous les domaines, et donc également les coûts de personnel ». Sans toutefois confirmer les informations de DPA, il avait également évoqué un moindre recours aux intérimaires et des embauches limitées. Volkswagen envisagerait également de supprimer des centaines de postes en CDD.

Un discours conforme aux propos même de son nouveau patron Matthias Müller, qui a récemment déclaré que le groupe se devait d’« énormément économiser ».

Sources : AFP, Reuters, DPA

Elisabeth Studer – 08 avril 2016 – www.leblogfinance.com

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