Tanzanie : découverte majeure d’un gisement d’hélium, révolution à prévoir

Révolution majeure à prévoir en Tanzanie, en espérant que la malédiction des pays riches en matières premières ne s’abatte pas sur la région.

Un énorme gisement d’hélium de 1,5 milliard de mètres cubes vient d’y être découvert, alors que ce gaz rare est essentiel dans la recherche scientifique et aérospatiale. Il est également utilisé dans l’imagerie médicale, l’industrie électronique, l’industrie nucléaire et la cryogénie.

Situé dans la vallée du Rift, le gisement peut satisfaire la demande mondiale pendant sept ans, alors même que la production actuelle suffit difficilement à répondre aux besoins.

Elément chimique faisant partie de la catégorie des gaz dits rares ou nobles, sa raréfaction a souvent inquiété les chercheurs. En 2010, Robert Richardson, Prix Nobel américain de physique avait indiqué que les réserves pourraient s’épuiser d’ici à 2035.

Les Etats-Unis sont pour le moment le principal fournisseur d’hélium. La réserve d’Amarillo, près de Texas (Etats-Unis), représente ainsi 35 % de la production mondiale.

« Cela va changer la donne pour assurer le futur des besoins de la société en hélium », s’est félicité pour sa part dans un communiqué Chris Ballentine, professeur à l’université d’Oxford impliqué dans ces recherches.

La société minière norvégienne Helium One, qui travaille avec ces scientifiques sur une nouvelle technique permettant de découvrir des gisements de ce gaz et qui détient trois permis de prospection en Tanzanie, a affirmé de son côté avoir découvert une province gorgée d’hélium au (potentiel) significatif à l’échelle mondiale.

Selon les données de l’Institut américain de géophysique (USGS), en 2015, le mètre cube d’hélium se vendait entre trois et sept dollars, valorisant le gisement découvert en Tanzanie à 4,5 milliards de dollars minimum.

On comprend mieux ce soudain intérêt pour le massacre des albinos en Tanzanie, atrocités certes fort blâmables mais qui pourraient inciter quelques contrées à s’immiscer dans la politique du pays sous couvert de pacification pour des raisons au final majoritairement économiques. Répétant ainsi la stratégie opérée notamment en Irak pour officiellement contrer le régime de Sadam Hussein tout en menant une guerre sans merci pour le pétrole.

Rappelons qu’en Afrique de l’Est, les personnes souffrant d’albinisme sont souvent tuées ou mutilées, certaines parties de leur corps étant utilisées pour fabriquer des fétiches, un juteux trafic qui se chiffre en millions de dollars. La Tanzanie est le pays qui compte le plus grand nombre d’albinos au monde.

Depuis le premier meurtre signalé en 2006, dans le pays, la vieille croyance selon laquelle les albinos posséderaient des pouvoirs occultes a dégénéré et sombré dans la cruauté. S’ils se servaient jusque-là surtout de leurs cheveux, de leurs ongles, les marabouts fabriquent désormais aussi leurs breuvages et leurs fétiches avec des bras et des jambes, des organes et des os d’albinos.

Depuis des années, des spécialistes étudient la recrudescence des croyances occultes dans l’Afrique postcoloniale. La plupart d’entre eux s’accordent à dire que les bouleversements sociaux découlant de la mondialisation en sont la cause principale, une grande partie des ressources de l’Afrique étant exportés dans les pays industrialisés.

Ainsi, entre 1997 et 2005, la Tanzanie a exporté l’équivalent de 2,54 milliards de dollars en or, dont moins de 10 % sont revenus dans le pays, le reste tombant dans l’escarcelle des multinationales. Le tableau est le même dans l’industrie de la pêche : les filets de perche du lac Victoria, vendus à vil prix, finissent en Europe tandis que les petits pêcheurs n’ont souvent plus que têtes et arêtes pour accommoder leurs soupes.

Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, la Tanzanie demeure un des pays les plus pauvres du monde. Désormais, les espoirs déçus de la population ont remis la magie et les chasses à l’homme au goût du jour, pratiques que la bataille pour l’hélium risque d’intensifier.

Sources ; AFP, BBC Afrique, Courrier International, Süddeutsche Zeitung

Elisabeth Studer – 28 juin 2016 – www.leblogfinance.com

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