Trottinettes électriques: qui vous assure ?

Abandonnées sur la chaussée ou disposées en rang d’oignons sur les trottoirs, les trottinettes se ressemblent et se suivent pour l’utilisateur désinvolte. “Rose est une rose est une rose est une rose”. Mais, contrairement à l’adage de la poétesse américaine Gertrude Stein, les différences qui comptent entre les opérateurs ne sont pas visibles à l’oeil nu. Car selon l’opérateur, la sécurité de l’utilisateur – et des pauvres hères dans son sillage – n’est pas garantie de la même manière. 

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Aujourd’hui, c’est sur la question des assurances que les opérateurs comptent se distinguer. Jump, le service d’Uber, vient d’annoncer le mardi 26 novembre une nouvelle politique d’assurance, qui garantit une responsabilité conducteur et une responsabilité civile. Et il fait figure de bon dernier. Depuis le printemps 2019, les bons élèves Bird, Dott, Tier Voi, et Lime, proposent soit une garantie responsabilité conducteur, soir une garantie individuelle dans les villes françaises où ils opèrent – Paris, Lyon, Bordeaux, ou Marseille.

Traduction : utilisateur ou passant, si vous blessez quelqu’un au guidon d’une trottinette électrique ou si vous êtes blessé, que vous soyez responsable ou non, l’assurance de l’opérateur s’occupe des conséquences financières.

Une évolution progressive

Et pourtant, ce n’était pas gagné. Car lorsque la trottinette électrique est arrivée massivement dans les rues de France et de Navarre, au printemps 2018, l’assurance n’était pas une obligation. Seuls quelques bons élèves l’avaient mis en place d’eux-mêmes : Jump, B-Mobility, Voi, Bird et Dott. Soit, à Paris, 5 opérateur sur 12…

A l’anarchie des trottoirs se sont succédés des accidents à la pelle : en mai 2019, les hôpitaux annonçaient recenser de plus en plus d’accidents liés aux trottinettes électriques. La première association de victimes de trottinettes, l’Association philanthropique action contre l’anarchie urbaine vecteur d’incivilité, s’est constituée après l’accident d’une pianiste de l’Opéra de Paris, percutée par une trottinette, qui n’a pu depuis reprendre son travail. Et en juin, un premier décès d’utilisateur à Paris a été la goutte d’eau de trop. “Chaque semaine est marquée par un fait divers”, commente alors la maire de Paris Anne Hidalgo. D’autres accidents mortels ont suivi. 

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Le ministère de l’Intérieur tire alors la sonnette d’alarme en septembre. Il contraint les opérateurs à souscrire une assurance (payante) en responsabilité civile, en changeant le code des assurances et le code de la route. 

Entrée en jeu des gros acteurs de l’assurance

Depuis, près de la moitié des acteurs ont quitté la capitale. Ceux qui sont resté ont voulu faire mieux… en proposant des garanties en plus. En jeu, le méga appel d’offres de la ville de Paris, qui choisira une poignée d’opérateurs pour sillonner le territoire parisien.

“Il a fallu concevoir un produit d’assurance adapté, car la trottinette électrique pose des problématiques inédites dans l’espace public”, explique Nicolas Grose, DG France de Dott. La trottinette rouge dispose d’une assurance inédite “La Parisienne Assurance”, proposée par le broker anglais Zego. Pour d’autres, le problème ne s’est pas posé : « nous avions une assurance responsabilité civile dès notre arrivée à Paris », affirme Driss Ibenmansour, DG France de Bird. Mais les gros poissons n’ont pas attendu longtemps avant de se glisser dans la brèche. Axa assure Bird et Voi, et a investi dans Tier ; Allianz assure Lime. L’enjeu des assurances monte en puissance.

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