Trump renouvelle sa menace de surtaxer les voitures européennes

Donald Trump a réitéré mercredi sa menace d’imposer des taxes douanières supplémentaires aux voitures européennes si les négociations entre Washington et Bruxelles ne débouchaient pas sur un nouvel accord commercial, mettant la pression sur l’Union européenne pour qui l’automobile est une question sensible.

« Si nous ne trouvons pas un accord, nous imposerons des tarifs douaniers », a déclaré à des journalistes le locataire de la Maison Blanche, qui a reçu dimanche un rapport du ministère du Commerce sur l’industrie automobile dont le contenu est pour l’instant resté confidentiel.

La remise de ce rapport a déclenché un délai de 90 jours, soit jusqu’à la mi-mai, pour l’imposition ou non par Donald Trump de taxes supplémentaires sur les voitures et équipements automobiles européens, un épouvantail pour cette industrie en Europe, notamment en Allemagne.

« Nous essayons de conclure un accord. Les Européens sont coriaces en négociation », a encore déclaré mercredi Donald Trump, qui recevait le chancelier autrichien Sebastian Kurz.

L’Union européenne (UE) a prévenu lundi qu’elle riposterait de « manière rapide » en cas de surtaxes américaines, même si elle espère une issue « positive » après la trêve conclue en juillet dernier entre son président Jean-Claude Juncker et Donald Trump.

Les deux dirigeants s’étaient engagés à travailler en faveur d’un accord de libre-échange exclusivement sur les biens industriels.

« Trump m’a donné sa parole qu’il n’y aurait pas, pour l’instant, de taxes douanières sur les voitures. Je juge ces propos fiables », a affirmé récemment M. Juncker dans une interview au Stuttgarter Zeitung.

Il n’y a pas de négociations commerciales officielles en cours entre l’UE et les Etats-Unis. Les ministres européens du Commerce se retrouvent vendredi à Bucarest (Roumanie) pour décider d’accorder ou non à la Commission le droit d’ouvrir des négociations sur les biens industriels qui incluraient l’automobile mais excluant l’agriculture.

– « Accord équitable » –

A l’heure actuelle, les Etats-Unis appliquent des tarifs douaniers de 2,5% sur les voitures assemblées en Europe et de 25% sur les SUV (4X4 de ville) et pickups. Les véhicules fabriqués aux Etats-Unis subissent, eux, une taxe douanière de 10% à leur entrée dans l’Union européenne.

La Maison Blanche avait annoncé fin mai son intention d’imposer des tarifs douaniers de l’ordre de 25% sur les importations automobiles pour défendre ce secteur, symbole de l’industrie manufacturière des Etats-Unis.

Donald Trump avait alors chargé le département au Commerce de mener une enquête approfondie pour établir la pertinence et l’ampleur potentielle de telles taxes en se fondant sur l’article 232 de la législation commerciale américaine, qui s’appuie sur des arguments liés à la défense nationale afin de limiter l’importation de produits et de biens aux Etats-Unis.

Selon des sources concordantes à l’AFP, les conclusions de cette enquête seraient « positives » sur la question de savoir si les voitures importées sont une menace pour la sécurité nationale.

« Nous l’avons examiné très attentivement. Nous avons vu les conclusions. Au final, la question est de savoir si nous pouvons parvenir à un accord équitable avec l’UE », a insisté mercredi Donald Trump, qualifiant le rapport d' »étude ».

Il n’empêche que pour l’UE « si ce rapport se traduisait par des mesures préjudiciables aux exportations européennes, la Commission européenne réagirait de manière rapide et adéquate », a averti lundi son porte-parole, Margaritis Schinas.

Bruxelles a déjà préparé une liste de biens américains, à hauteur de 20 milliards d’euros, susceptibles d’être taxés.

En 2017, un peu moins de la moitié (8,3 millions) des quelque 17 millions de voitures vendues aux Etats-Unis avaient été importées.

Selon une étude du cabinet EY, des taxes douanières de 25% sur les voitures coûteraient par exemple 5 milliards d’euros aux constructeurs allemands.

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