Trump sanctionne l’or du Venezuela pour bloquer ses réserves

Trump sanctionne l’or du Venezuela pour bloquer ses réserves

Si la guerre de l’or noir marque les esprits depuis le milieu de 20eme siècle, Trump vient quant à lui de jeter de l’huile sur le feu dans la guerre de l’or jaune … pays tout particulièrement visé : le Venezuela. Vous noterez tout de même au passage que le pays autrefois dirigé par l’ennemi de Washington – Hugo Chavez – détient les deux types de richesses.

Les Etats-Unis sont loin de frapper au hasard. Tentant ainsi d’affaiblir le Venezuela …. en empêchant notamment les opérations de raffinage de l’or vénézuélien par la Turquie. Le but final ? Réduire les réserves en or du pays … et les actifs de sa Banque centrale.  Et de là donner le coup final à son économie …

Le Venezuela accusé d’appartenir à une troïka de la tyrannie

La Maison Blanche vient en effet d’imposer jeudi de nouvelles sanctions contre le Venezuela. Washington accuse le pays de constituer avec Cuba et le Nicaragua une “troïka de la tyrannie” en Amérique latine.

John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a indiqué lors d’un discours à Miami que ces mesures avaient notamment pour cibles le secteur de l’or  du Venezuela. Ajoutant que les sanctions contre La Havane étaient également renforcées.

Selon lui, les trois pays constituent un « triangle de la terreur » s’étendant de La Havane à Caracas et à Managua.

De nouvelles et « dures » sanctions

John Bolton a ainsi déclaré que Donald Trump avait signé un décret présidentiel pour imposer de nouvelles sanctions, qu’il a lui-même qualifiées de « dures ».

Rappelons que le Président américain a d’ores et déjà ciblé 70 personnes ou entités au Venezuela, parmi lesquelles figurent le président du Venezuela Nicolas Maduro et son épouse.

John Bolton a quant à lui précisé que les « nouvelles sanctions viseront les réseaux qui interviennent dans les secteurs économiques vénézuéliens corrompus”. Les Etats-Unis souhaitent s’attaquer dans l’immédiat au secteur de l’or.

Aucun Américain ne pourra plus faire affaire avec le Venezuela dans ce secteur. Raisons invoquées : les ressources issues du commerce de ce précieux métal seraient utilisées par le régime « pour financer ses activités illégales, remplir ses coffres et soutenir des groupes criminels”.

Les dirigeants des 3 pays directement attaqués

Attaquant directement les dirigeants du pays, le conseiller de Donald Trump a poursuivi en ne mâchant pas ses mots. Fustigeant les trois dirigeants des pays en les qualifiant de “tyrans ». Ajoutant que si ces derniers pensaient « être des hommes forts et des révolutionnaires” , ils ne sont qu’en fait que “des figures clownesques et pitoyables”. Nous sommes bien loin de la diplomatie …

Des sanctions pour le bienfait des peuples …

Le gouvernement américain se dit par ailleurs déterminé à recourir à des sanctions pour combattre les trois régimes. Selon Washington, ces derniers sont à l’origine « d’immenses souffrances humaines” et la source d”une énorme instabilité régionale”. Usant de la même rengaine, les Etats-Unis affirment ainsi vouloir “défendre l’Etat de droit, la liberté et la dignité humaine minimale”.

Reste tout de même que le blocus américain de Cuba est loin d’avoir atténué les difficultés du peuple cubain …

Les Etats-Unis appellent les peuples à la révolution

“La troïka de la tyrannie sur ce continent ne durera pas éternellement. Comme tous les régimes et les idéologies oppressifs, elle est vouée à disparaître”, a même persisté John Bolton. Conseillant aux trois dirigeants – Nicolas Maduro (Venezuela), Miguel Diaz-Canel (Cuba) et Daniel Ortega (Nicaragua) de “craindre le pouvoir vertueux” de leurs peuples. Ou quand les Etats-Unis appellent ouvertement les peuples à se rebeller. Au moins, pour une fois, les intentions américaines s’affichent clairement …

“Le président, et toute son administration, vont soutenir les combattants de la liberté”, a lancé John Bolton depuis la Freedom Tower de Miami. Rappelant à cette occasion que de nombreux dissidents cubains et d’autres régimes d’Amérique latine y résidaient, ayant fui la dictature de Fidel Castro.

Saper les transactions entre Venezuela et Turquie

Alors que les dépêches internationales reprennent en cœur les propos du conseiller américain, rares sont les medias indiquant les véritables raisons pour lesquelles Donald Trump souhaite s’attaquer au secteur aurifère du Venezuela.

Bloomberg précise quant à lui que si le Président US a signé un décret autorisant de nouvelles sanctions sur le secteur aurifère du Venezuela … son but ultime serait de perturber le commerce avec la Turquie réalisé dans ce domaine. Selon les autorités américaines, les transactions entre les deux pays saperaient en effet les efforts US visant à faire pression sur le président vénézuélien, Nicolas Maduro.

Les sanctions sont susceptibles d’avoir un effet notable sur les échanges commerciaux avec la Turquie, des tonnes d’or y étant envoyées chaque année pour être raffinées et transformées.

Quand le Venezuela préfère la Turquie à la Suisse pour raffiner son or

Tentant jusqu’à présent de faire face à une vague de sanctions internationales, le Venezuela préfère depuis le début de l’année la Turquie à la Suisse pour réaliser le raffinage de son or. Une fois raffiné, le précieux métal revient en Turquie pour alors faire partie du portefeuille d’actifs de la banque centrale vénézuélienne.

On comprend mieux la stratégie de Trump …. lequel est donc loin d’avoir frappé au hasard …

De l’or acheminé vers l’Iran ?

Bloomberg indique également que les autorités américaines scrutent de près le secteur aurifère de Venezuela depuis les dernières semaines. Selon le Département du Trésor US, de nombreuses mines seraient exploitées par des bandes criminelles, ce qui conduirait – notamment – désastreux pour l’environnement.

Les responsables ont également fait part de leurs préoccupations selon lesquelles une partie de l’or pourrait être acheminée vers l’Iran en violation des sanctions imposées à la République islamique.

Cuba également dans le collimateur

John Bolton a également indiqué que les sanctions contre La Havane allaient elles aussi être durcies. Raisons invoquées cette fois-ci : selon la Maison Blanche, les « tactiques oppressives utilisées par Cuba depuis des décennies » serviraient en quelque sorte de modèle à Nicolas Maduro.
Autre grief  retenu : “la dictature cubaine » permettrait « au régime vénézuélien de mettre en oeuvre sa répression”.

Le conseiller de Donald Trump a précisé que le département d’Etat américain venait d’ajouter plus d’une vingtaine d’entités appartenant à l’armée ou aux services de renseignement cubains, ou contrôlées par eux, à la liste des entités qui n’ont pas le droit de faire de transactions financières avec des Américains.

Ce qui signifie au final, la majeure partie des activités économiques de Cuba. L’armée contrôle en effet 60 % de l’économie à travers la gestion de centaines d’entreprises dans des secteurs économiques clés.

Quant aux Chinois … ils sont déjà  là, et pourraient se réjouir de la politique menée par Donald Trump …

Cuba : un pays rêvé pour la Trump Company ?

A moins que Donald Trump use de ses sanctions pour développer les activités de la Trump Company. Ayant ainsi recours au chantage pour installer à Cuba hôtels et golfs de sa société ?

Rappelons à cet égard qu’en juin 2017, le milliardaire a interdit aux entreprises américaines de commercer avec le Groupe d’administration d’entreprises (Gaesa), puissant et tentaculaire conglomérat de l’armée …. qui contrôle notamment une très grande partie de l’industrie touristique cubaine. Laquelle est en pleine croissance à l’heure actuelle.

Sources : AFP, Bloomberg

Elisabeth Studer – 1 er novembre 2018 – www.leblogfinance.com


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